Sans doute qu'auprès d'eux il coule une rivière,
Qu'ils sont grands, qu'ils sont beaux, qu'ils vont vertigineux,
Qu'ils affrontent sereins le temps, même orageux,
Et qu'ils boivent aux pluies ainsi qu'à la lumière.
Ridicule, ambitieux, sans force, sans défense,
Dans ces châteaux anciens un oiseau se promène,
Entre deux chants qu'il siffle et la peur qui le gène,
Craintif et laborieux, contemplatif, il pense...
Caché dans la pénombre, errant et solitaire,
Si la goutte en tombant fait un bruit de tambour,
Célébrant inquiet l’immense qui l'entoure,
Dans ces corps de géants son âme se repère.
Chaque arbre l’impressionne et s'il les indiffère,
Il brandit leur courage à ses impatiences,
Et leur détachement calme ses méfiances.
Immenses instruments des vents qui délibèrent,
Ignorant la sittèle aux vers doux et plaintifs,
Germant l'obéissance à leur seul horizon,
Mûrissant la science en leurs mêmes saisons,
Leur innombrable bras masque l'ogre chétif !
On le voit rarement, on le sait dans son nid,
Où digérant, couvant, il dort autant qu'il guette,
Cet autre idée là-bas courant dans cette bête,
Puisque pour vivre il faut manger le plus petit...
Il est doux comme il est cruel, et donne autant
Qu'il est vorace, et sur ces branches que ces troncs
Présentent à sa patte, histrion des floraisons,
C'est malgré lui qu'il nous transporte en s'y posant.
Beauté jalouse et simple, infantilement tendre,
Sachant parler sur tout, et surtout parler d'elle,
Ouvrant les yeux, fusant, il traduit d'un coup d'aile,
L’inhumaine amertume où chacun doit se rendre…
Le poète, - c'est lui ! -, écrit son pas de danse,
Azurèment hésitant, aux dieux qui prient,
Et cette effroyable mésange au sommet des après-midi,
Ravie, désireuse, chantante, et bleue, s'élance...
Alors, en faible écho planant doucement sur
La voix des grosses eaux, rêveur, humaine masse,
L'oiseau couleur de ciel angéliquement passe,
Et le bruit que tu fais cesse dès qu'il murmure...
Sébastien Broucke