S’ils traversaient les nues pour baigner le matin, S’ils descendaient radieux nager dans les bassins, Les faisceaux d’un soleil paresseux mais tranquille, Cachaient leur nudité dans des halos futiles, Et l’on pouvait saisir dans la couleur fusant, L’invisible...
La salle est enfumée, le décor trop champêtre, La soupe sent l’oignon, le pain est détestable, Un cimetière au loin regarde à la fenêtre, Seul l’amour que l’on fête est doux et désirable. Que faisions-nous ici sans jardin ni tonnelle, A nous gaver sans...
Aie des enfants, ma toute douce, Si tu veux parler de ton père, Puis récris tes discours amers, Le jour où ceux-ci te repoussent ! Qu’est-il pour goûter tes colères, Lui qui tant de nuits s’est levé, Recoucher son échevelée, Qu’une fièvre mettait à terre...
Ma demeure a perdu ses rires bariolés, Les agapes sont oubliées, Je plane entre deux ailes attristées, spoliée, A moi je ne suis plus reliée. Quels amours, quels bons vins sauront m’oindre de vie, Couronner l’avenir de joie, Réchauffer mon château, balayer...
La scène parait bucolique, L’arbre est chargé, le soleil haut, Les cerises vont en gâteaux, Aucun oiseau ne revendique… C’est donc à nouveau le printemps, La chaleur luit, blondit les mèches, Vois, chaque fleur part à la pêche De son papillonnant amant…...
Comme un arbre ondulant tu vas seule pleureuse, Et ce drapeau planté dans le sol desséché, Immobile toujours dans ta prairie moqueuse, Veille ce petit tertre où ton âme est penchée… Près de toi le vent passe et te salue, poli, Tu ne t’en soucies plus,...
Balayer mon jardin, déménager le temps, Epousseter le monde et tous ses paradis, Pour roffrir ma poussière à leurs os sans esprit ! Chutant, pleurant sans larme, interrompant la ronde, Alors que la mort monte à déborder des sots, Je me verse en la cendre,...
Se connaissant par trois, gardant leur position, Quatre sirènes bleues se succédaient entre elles ; A pâlir chaque année de leur résurrection, Le monde en devenait toujours moins immortel… J’ai croisé, j’ai frôlé ces naïades étanches, J’en ai séduit plus...
Comme vont les oiseaux se poser sur des branches, Sur moi je les ai vus, du lundi au dimanche, Déposer leur fatigue ou mûrir leur espoir. Sous leurs dehors divers, leurs idées parfois noires, Sur mes planches assis tous étaient mes enfants, Jamais je...
Longtemps séparés par la mer, Nos corps aujourd'hui le sont moins, Désormais ravies par la terre, Nos mains mêmes s’aiment moins loin. Je suis un esprit sans un souffle, Je ne m’éloigne ni ne cours, Ainsi qu’un vieux sage en pantoufles, Qui hume le néant...
Pour toutes les mamans du monde... Je t’attends sous cet orme où fleurissent mes vers, Le soleil est bien haut, déjà, dans cette cour, Qui verrai-je en premier, le soir ou ton retour, L’espoir n’est qu’un mirage en un brûlant désert… Je scrute l’horizon,...
Je suis, je suis dans tout, et j’y suis pour longtemps : Dans tout ce qui se fait, l’immense et le joli, Dans tout ce qui est fou, rare, jeune, envieilli, Dans le beau, le fiévreux, la fougue du printemps ; Lorsque dans un jardin, les nuées en prières...
Ainsi qu’un homme court se vautrer sur un lit Où le corps désolé d'une femme l’attend, Le ciel, encore lui, s’approche pesamment, Avançant en vainqueur pour couvrir la prairie. Sans envie, sans recours, l’herbe aux pluies s’abandonne, Les mains moites...
Eteintes, revenant défaites et mouillées De quelque bal perdu au fond de leur province, On voit parfois passer en calèches rouillées, Les toilettes fripées de ces âmes qui rincent Leurs corsets aux sueurs de leurs vieilles badernes, En bavant sur le temps...
Ce nouveau jour, encor, préludait dans le rose, Mais des oiseaux les chants annonçaient d’autres choses... Joli, jaune, précoce, autant qu’un forsythia, Le soleil s’élevait sur l’horizon fuchsia ! Fort, comme la coriandre, vif comme la sauge, Le matin...
Je m’étais pris les pieds aux racines du temps, Et gémissant des mots qui n’avaient pas mûri, L’absurde de ma route allant me décevant, Je fleurissais l’aigreur dans des rimes sans vie ! Menacé par mon cœur, prié par mon destin, D’écrire en vérité, de...
Quand l'avenir était devant, soufflant devant la porte, ouverte vers l'envie d'aller claquer ailleurs, étaient comme partout les mêmes habitudes, nécessaires besoins de la bouche et du cœur, Roulement de saisons dormant à nos fenêtres alors entrebâillées…...
Comme un arbre noué, j’ai des peurs dans le ventre, Et l’âme secouée dont tu restes le centre… Quand tu es tout mon bien, quand mon malheur désenfle, Ne sortirait-il rien de notre amour qui m’enfle ?… Puisque je suis à toi, puisque tu me désires, Si l’on...
A l'inconnu qui m'a aidé, ailleurs, ce frère, Cette muse ou ce dieu, j'offre cette oeuvre et mon Respect, Et me confonds, ravi, en de plates excuses D'avoir été ce que je suis et d'être encore Ce que je fus. Mais, pour Lui, qui m'aime et me connaît, humblement,...
Il pendait aux balcons de l'eau pleine de linge Qui sur la moue des fils égouttait des sourires. Au silence des vents, patients sèche-linge, Des habits lentement ondoyaient à loisir... Redressant chaque corde affaissée sous ce poids, L'humidité mourante...
Comme le blême est grâce aux malades chétives, Prisant l'odeur des lys écœurés de Rimbaud, Brûlée de mille feux et de pensées fautives, Elle aurait le teint clair des âmes au repos. Je marchais vers la chambre où courait sa bougie. Jeune aile révoltée...
Tout comme un arbre mène, Mène par tant de branches, La saveur et la sève Aux mains que sont ses feuilles, Je promène en moi-même, Jusqu'au bout de mes doigts, Moins de sang que de peine, Moins de vie que de deuil. Il est venu, c'est vrai, Quelques fois,...
Tout le corps de mon âme est glacé jusqu’aux eaux, Immobile et transi, il sombrera cent doutes, Car sans ciel, sans boussole, il est resté bateau ! Qu’il aille plus de nœuds, je les sens dans mon ventre, Dans ce mâle de mère et dans ces os, perdu, Il...
Sur l’arbre de ma vérité, Je vais tel un yponomeute ; Où ma patte vient se poser, Mes pieds se jettent en meute. Papillonnant lépidoptère, Ma fin me pousse à dévorer, A remplir de noir et de vers, Mes feuilles tout de blanc chargées. Quatre ailes plantées...
Tous les hommes rompus devenant suicidaires, Leur vieillesse misère et leurs paroles sèches, Tel un morceau de viande épuisée d’être fraîche, Le rose de mes soirs fane couleur de terre… Si l’agonie du monde est encore jolie, L’humaine inquiétude, infâme,...