Chargées d’un bout de feuille et sous l’ombre d’un banc, Cheminaient sans se plaindre et sur un même rail, Des fourmis qui rentraient comme toi au bercail, Moquant le soleil bas de l’été finissant… Dans mon âme attristée un frêle épouvantail, Intriguait...
Dedans la nuit sans fin, sans lune, sans plafond, Tes yeux fixant la mer semblaient être sans fond. Nous allions éveillés, les heures iraient blanches, Et nos corps se frôler quand tournerait la clenche. Je m’y noie, je m’y perds, dans ce noir abyssal,...
Se posant sur des fleurs ou sur le vert des feuilles, Tournoyant dans les airs et le bleu de son œil, Lui chavirant la tête à l’écrouler dans l’herbe, Des papillons dansaient dans les couleurs en gerbes. Venant désaltérer l’insecte et l’animal, La rosée...
Le soir descend, le soir est calme, et vois, mon âme, Cette étoile morte au lointain, touchant à Dieu. Regarde-la, elle est éteinte, et c’est là le pouvoir des cieux, Que d’incendier nos yeux d’astres privés de flamme. Le ciel joue avec la lumière, il...
Affalée dans l’allée, ce soir ses os se perdent, Quoiqu’elle ait pu rêver, ses doux songes s’éperdent ; Sa peine est infinie, sa frayeur abyssale, Et déjà les douleurs l’encerclent, colossales. Abattue sur le sol, ses mains tenant son ventre, Les yeux...
Attachés à nos jours comme aux diamants l’orfèvre, Nous demeurons sans voix et le désir aux lèvres ; Songeant à les tailler comme nos yeux l’espèrent, Nous ne savons jamais ce que l’on doit en faire. Si l’on ne craignait pas de réduire en morceaux, Ces...
Si la phrase allait en prières, Mes mots promenaient la matière, J’écrivais en trois dimensions, De haut en beau sur la passion. Des gouttes de beauté des cieux Sanguinolaient. Plissant les yeux, Taisant la douleur exécrée, J’essayais de ne pas pleurer....
Je marche, je longe les heures Jusqu’où donc ira mon pardon Ecrase, obombré-je ces fleurs En les rasant de mes rayons Je sens l’éternelle indocile S’avancer dans ma robe blanche Sa chair transperçant le textile Abruptes ses beautés se penchent Il n’est...
N’espérant rien de plus, tu t’en vas sans lambeau De regrets. Depuis lui tu survis sans présent, Tout ce qu’il t’a offert le fut par accidents, Et ton visage enflé pleure des traits moins beaux. Eloigné des soleils qu’éclipsent les flambeaux De ses regards...
Descendant les sentiers il chantait à tue-tête, Mais les pierriers souvent jouaient les trouble-fêtes ; Nous aurions tout donné pour savoir survoler Ces tonnes de cailloux qui manquaient de rouler. L’homme éclatait de rire et donnait de la voix, Racontant...
Lézardée la bâtisse entrevoie sans noirceur, S’évaporer des trains qui fusent sans vapeur, Elle s’agite et tremble aux pouls des voyageurs, Qui ne s’arrêtent plus sur ses quais sans langueur. Dedans mes souvenirs se croisent des regards, J’y refais ta...
Vous n’en eûtes jamais et j’en devrais avoir, Avez-vous regardé la lune en sa nuit noire, Quelle étoile dévie de la route tracée, Dois-je me repentir de vous avoir pensés ? Sur vous, sur vos enfants, je convoque les cieux, J’en appelle à la loi, à la...
Fier impassible bucolique Ivre de pluie voire alcoolique Perpendiculaire à des cieux Qui scintillaient moins que tes yeux J’écrivais n’ayant rien à dire Des mots que tu n’irais pas lire De tout je dévoyais le sens D’un rien j’inventais des romances Fixant...
Octobre est arrivé cette année mi-septembre, Ses vents sont bien fougueux et je sens que se cambrent Les branches dénudées par cet avis d’automne, Qui vous flétrit la traîne avant que l’heure sonne ! Toi seul es en retard, toi seul ne viendras plus, Est-ce...
Elle avance immobile à en croire que rôde Celui qui lui ôta sa parure émeraude Considère sa peau roussie par les soleils Qu'offre aux jours écourtés l’automne long qui veille Admire comme ondoie sa chevelure où vont Ces regrettés parfums qu'aujourd'hui...
Longtemps elle a tourné comme une louve en cage, Je dis elle a tourné car elle est maintenant, Couchée sur le côté, sage comme une image, Ne rêvant même plus aux espaces absents. Déjà, je m’inquiétais avant qu’elle ne bouge Plus. Blême désormais, je l’approche...
Pour Alice Mansson-Essaine Toute habillée d’or blanc qu’avaient tissé des cieux Des couturiers géniaux sans nombre et silencieux, Reverdissant les monts et les arbres imberbes, La princesse avançait dans des lueurs superbes. Tout l’appelait à fondre et...
Je t’écris, ma mémoire à toi-même enchaînée, Mes mots puisant le jour en des matins damnés. J’affronterais sans peur mille meutes de loups, Mais rentrapercevoir, même loin, même flou, Ton regard azuré où se mirait mon âme, Je tremble comme un cœur où...
Sur ses papiers glacés glisse son porte-mine, On pourrait sur tant d’eaux voir filer ce bateau, Soulevant après lui aux mots qu’il dissémine, L’écume où les poissons reflètent les oiseaux… Un point vient et ponctue comme une ancre tremblante, Les phrases...
Serais-je fracassé comme les quais d’un port, Aurais-je l’air idiot d’un fragile étourneau, Me verrais-je béat comme au pied d’une aurore, Lorsque je descendrai ton corps dans le tombeau ? Puisque ton âme ira vers l’infini de celles Qui rayonnent chacune...
Il pleuviote et tout tousse et toutes, La pluie leur voilant les montagnes, Les rus ruant dans leurs campagnes, Voient déjà l’hiver sur la route. Le soir est gris, grises les gouttes, La campagne au printemps si verte, Atteinte de novembre inerte, Pleuvine...
Dans mon cœur sec, tandis qu’il frappait mon menton, Un ciel tombant l’averse enfonçait ses idées ; De vertige enivrées, voulant m’entaillader, Ses larmes descendaient de grands lits de coton ; Transparentes, sans ombre, elles surabondaient, Fusant devant...
C’est l’ultime saison, pour moi c’est la dernière, Je ne reviendrai plus m’asseoir en ses jardins ; Sous des cieux encombrés d’identiques matins, J’ai jeté vainement mes mots et mes prières. Comme un oiseau de l’aube on ignore mon cri, Toute oreille l’entend...
Autour de six heures, de la maison Piaillent des oiseaux, passent des camions Au milieu de son lit, allongé dans ses rêves Il repeuple un peu mieux le matin qui se lève… Combien lui reste-t-il à vivre Trente-cinq années à tout casser Quatre cents mois...
Nous pensions, nous rêvions, succombions l’un à l’autre, Mais timides tous deux nous ne nous parlions pas. Puis un dimanche en juin, sans Dieu, sans patenôtres, Nous prîmes loin du temple un céleste repas. Je t’avais vue t’enfuir dessous ta blanche ombrelle,...