J’ignore le plaisir autant que le répit, Marchant comme un ânon chargé de part en part, Je n’aperçois le ciel qu’au reflet gris des mares, Et ma caboche incline à verser au tapis ; Sur la route on me croise édulcoré d’envies, Pas un morceau de sucre,...
Tu traverses ta vie comme un sentier d’été, Tes jours sont parfumés d’heures printanières, Ensemencés de pas que tu n’oses compter, A travers les sous-bois comme au fond des clairières ; Tout est cible alentour quand dardent d’allégresse En flèches l’invisible,...
Le ciel à nouveau me désarme, Montrant ce que je n’ose voir ; Deux papillons sont en alarme, Leurs vies content la même histoire… Dans l’air où leurs ailes dévissent, L’herbe qu’ils recherchent n’est plus, La fleur où leurs pattes s’immiscent, Ne vivra...
Je hasardais ma vie comme on voit aux volières S’élancer la perruche aux murs de sa geôlière ; J’avançais coloré comme un simple pétale, Egarant à tout vent des parfums sans égal ; Puis j’entendis monter comme en des herbes folles, La rosée qui s’en va...
A sylvie B. Sous le ciel étoilé, des colonnes doriques Portent à bout de bras la voûte féerique ; Que reste-t-il du temple où les anciens rentraient Prier l’immense dieu par le grand propylée ? Désormais, autre monde, autres cieux, autre époque, Qui n’ont...
Je remporterai tout, même l’ultime épreuve Et j’irai flamboyant comme vont les grands fleuves Quand le soleil descend son soir sur l’horizon Croyez-vous que je sois ici pour quelques pages Fleurissant à ma table, à vos berges, vos plages Ce que me pleut...
Je crois qu’à la porte tu sonnes, Ou viens frapper, J’ai les oreilles qui dissonnent A écouter… Sais-tu à quel point je t’attends, Obnubilé, Rentreras-tu avant longtemps, Mon exilée ? J’avoue je veux que tu reviennes M’émerveiller, Sans rosée quels matins...
“ The man who cries out against evil men but does not pray for them will never know the grace of God ” St Silouan the Athonite Etoilés dans les fleurs, ils dormaient l’un sur l’autre, Blanchis par quelque nuit aux firmaments tant blêmes, Messagers d’un...
C’était encore un jour éloigné de l’hiver Une ride de plus peut-être ornait ta bouche Ton invisible amant reposait sur ta couche Où brûlait ce soleil qu’on fuit dans les déserts La chaleur caressait les pâturages verts Tu désirais sur toi ses mains qui...
Quand versant ton cristal dans des vers émeraude, Tu te délecteras de l’eau-de-vie d’un autre, Tu ne rétréciras, en vulgaire rhapsode, Qu’au-devant de toi seul tes poèmes d’apôtres ; Quand le soir s’étendra tel un drap sur ta tête, Comme un couperet tombe...
Les hivers entre eux s’accoquinent, Pour assassiner sans effroi, Ceux qui couverts de mousselines, Craignent moins la faim que le froid. La neige et le givre chahutent, Dans un silence d’exception, Et les pauvres dans leurs cahutes Meurent de blêmes consomptions....
Larme du ciel, l’étoile file, on fait des vœux, Tu ris, tout rit, je tiens ta main, tu tiens mon cœur, Tout est facile ou semble l’être, il n’est plus d’heure, Dans tant d’amour, la nuit grandit à petit feu… Dans nos bouches des mots, tout plein, qu’on...
Je vais, galope et vient, à l’heure où tout repose, Une envie de me voir au milieu des vivants, Là, du lisse cours d’eau, me rebondit souvent, L’insolite reflet du regard que j’y pose… Je m’approche, est-ce moi ce poulain vieillissant, Cette caricature...
J’avoue, j’en veux encore à ton rire éphémère, Aux joies dilapidées aux plus doux de nos heures, A tes regards d’enfant qui réchauffant ta mère, Annonçaient tout l’hiver le printemps et ces fleurs, Que mon âme noircie par la fumée des ans, Salissait de...
Car j’ai bu à la larme, à la mélancolie, Qui perlent sur ta joue perpétuellement, J’irai bercer ton âme amère en promenant Mes doigts sur le visage où se creusent leurs lits… Nos mains se frôlent moins, rares sont nos étreintes, Nous croyons nous connaître,...
Comme un navire en bois, mal fini, sans préceinte, On t’a jeté dans l’eau en corps ensommeillé, Où buvant de la houle et la vague et l’étreinte, Tu regrettas souvent d’avoir appareillé. Tes nuits se succédaient sous des lunes plus belles, Chacune t’entrainant...
Mon âme s’en va, sans chaleur, sans laine, Fuyant sans aile, nue sur le sol dur, Ce matin lent où la fraicheur promène, Ses parfums doux renouvelés d’azur. Etalant une joie qui courbe encore, Sous des cieux laiteux qui la multiplie, Le jonc d’un rêve...
- A l’heure douce du silence, Mon âme, laisse pour les tiens Ta paix baignée de somnolence. La terre veut ton corps, toi viens ! Il est d’autres réjouissances Plus grandes qu’en ce monde ancien. - Ici vivent des survivants, Qui ne gagnent à respirer,...
Nous vînmes parfaits, purs, nous partons pervertis, Vers cet endroit où l’ombre est l’unique lueur ; On se cabre où l’on tombe et la terre engloutit Notre cocasse orgueil et nos huit cent mille heures. Tout a la même fin, aucune issue meilleure, Même...
A l’heure où d’angéliques mains Essaiment les matins De merveilles nouvelles, Il me semble parfois, empêtrée Dans mes draps, mes secrets, Qu’on m’approche d’un fil, Où pendue à mes rêves, Je balance sans bruit. J’espère d’autres îles, Engourdies de sommeil,...
Le matin peu à peu réchauffe le silence, Sèche les prés, chasse un nuage peu prudent ; Le bleu s’ammoncielle alentours, jusque dans Tes yeux verts qui m’enfoncent au cœur leurs deux lances. Je voudrais arrêter le temps, ne plus bouger, Mais ton sang pulse...
Peinture de Tomasz Rut Que de souffrance au fond de moi, Des cris aux cales du bateau, Le cœur dévoré de tempêtes, Mon souffle à chaque instant s'arrête. Sur le pont mon âme titube, Plus aucun de mes pas n'est sûr, Car dans cette nuit sans lanterne, Je...
Forte, vous êtes forte, Subtile, mystérieuse, Vous allez sans escorte, Jeune, victorieuse, Et nous, je le confesse, Vous croisant à chaque heure, Emplie d’étranges flammes Et pleine de promesses, Nous voyons qu’en votre âme, Eclot à ces lueurs Une femme...
Je promenais mon cœur sur votre boulevard, M’étonnant par moment de vous avoir suivie ; Là, respirant la joie des oiseaux de hasard, J’élançais vers leur bleu mon âme enfin ravie. Je marchais bienheureux en vous regardant comme Un ange un peu perdu dans...
Ils tombent par milliers, par milliers de millions, Un grenier les invente, un plafond les secrète ; Dessous tant d’assaillants on voit battre en retraite, Des hommes effrayés par ces sanglots de lion ! Ils sont pâles, légers, tombent de gris galions,...