Il pendait aux balcons de l'eau pleine de linge
Qui sur la moue des fils égouttait des sourires.
Au silence des vents, patients sèche-linge,
Des habits lentement ondoyaient à loisir...
Redressant chaque corde affaissée sous ce poids,
L'humidité mourante allait docilement.
Goutte à goutte tombant, décourbant des fils droits,
Le bonheur se fardait d'un soleil sévillan...
Répandant sa douleur, indicible, agréable,
Le jour impitoyable écrasait un lézard ;
Abattant le courage, enflammant jusqu'au sable,
Les brumes de lueur s'égaraient au hasard.
La chaleur était moite et le bleu sur le blanc,
L'instant tranquillement s'écoulait dans l'air pur,
Des arbres s'arrêtaient, religieusement,
Pour regarder leur ombre avancer sur les murs...
Au coin des rues parfois disparaissaient des corps,
Des formes un peu floues qu'effrayait le ciel clair.
Tout semblait endormi, ce n'était qu’un décors,
Une image, un tableau, une église où se taire.
Sieste pesante et lourde, hommes évaporés,
Le linge allait séchant au cordeau balançant.
Les maisons doucement côte à côte parlaient,
Séville était en fleurs et nous étions enfants.
Le passé se réveille et me monte au cerveau !
Souvenir inutile et poussière bénie,
Andalousie lointaine, imposant bibelot,
L'huile de tous tes monts perle encor sur ma vie...
Sébastien Broucke
Grelots d'outre-temps