Chenilles processionnaires, Quand vous deviendrez papillons, Faites-vous collier de fleurs, Et colorant d'ailes notre air, Qu'un cocon, courbe en ce rayon, Vienne nous embaumer le cœur. Que nos âmes se réjouissent Et que nos yeux riant des prismes, Concentrant...
Aux hommes rendre l'âme était comme un loyer ; Ils ne vivaient pas tous mais tous étaient frappés, La fontaine ou la goutte un moment tarissait, L'oiseau devenait pierre et l'aile se posait... Un jour, le front trop lourd, le corps devenait cendres Et...
Toi qui jugerais Dieu, Oh ! monstre impitoyable, N'en déplaise à Verlaine et à la poésie, Guerrier hors de chez lui, écrivain redoutable, Ta volonté ne peut qu'un champ de pissenlits. Cavalier, jeune, pur, qu'un impur sang fouette, Pour combattre l'oubli...
Le temps versait sa cire et sa flamme aux visages De ces heures coulant étranges et banales. Au travers de l'absurde encombré de nuages Il tombait l'ironie d'un ciel rare et bleu pâle. Un village songeur, cerné de mille rides, Avançait d'un pas lourd...
Le vase était commun, hexagonalement, Et l’eau d’un robinet y dormait vaillamment ; Le silence inspiré sculptait sur ses abords, Un poème, un tableau, l’amour, un son de corps… Le bonheur en bouquet brillait deux couleurs fraîches, Mélangeait pour les...
La pendule indiquait midi et sa demie Quand mon vélo rentrait d'un matin au lycée En ramenant mon cœur à ce qu'était ma vie, Mes parents, la maison, mes frères, mon courrier. J'espérais le facteur et la lettre du jour, Que ma mère en riant déposait sur...
Après ce long instant d’étrangeté, de houle, Berceau vie, mère amour, tu m’as sorti d’en toi, Mais par tout ton regard et par ce lait qui coule, Chaque jour que j’en meurs, tu reviens naître en moi. De tes immenses yeux qui tombent dans les miens, De...
Un nuage alourdi Des fontes de l'hiver Crachine quelques gouttes tièdes Au milieu des rayons lunaires. Sur le pont, les cirés Des hommes à se taire, Les vagues durent, se morcellent, Les pensées voguant vers la terre. Des artistes s'activent, Leurs muses...
Elle aimerait à voir, se déposant sur elle, Un regard non d’envie mais d’affection chargé. Alors, et quand tombant, raisonnable ou rebelle, Avec ou sans conteste elle y resongerait, Ces yeux, mieux qu’un refuge, une auberge, un hôtel, Lui seraient un...
Écrire était absurde et j'étais assez sot, Mourir m'était bien peu, survivre beaucoup trop ! Le bonheur ! Le bonheur !... Y repenser ?!... blessure ! Mais l'espérer, l'attendre..., Infâme déchirure ! Crayon porte-parole et papier porte-voix Qu'un autre...
Un rêve au fond de la poussière, Comme un mensonge à des enfants, Sans aujourd'hui et sans hier, Un ciel noir pour tout firmament... Pour un nom gravé sur la pierre, Leur nuit durait quatre-vingts ans ! Echoués au même rivage, Aucun d'entre eux n'avait...
On ne distinguait plus qui l’autre dirigeait, Ces deux réalités, l’une à l’autre liées, Serrées dans l’univers et le froid de l’été, Reniaient les mots doux que j’avais envoyés… La lumière en plein dos d’une lune en entier, Présentait à mes yeux ce que...
Quand je n'étais que pur, quand j'étais le plus beau, Quand j'étais le plus grand, quand je suis le plus sot... Quand je n'étais qu'enfant et poème d'amour, Quand je vivais d'un songe et respirais d'un jour... Quand je croyais qu'aimer était simple et...
Car ton visage encor nimbé d’une auréole, Brille en ce récipient couvert d’aluminium, La folie, cette fièvre où la raison s’immole, M’est ce doux incendie où mes pensées s’assomment. Retenant des sanglots, tel ses branches le saule, A vivre sans tes yeux...
Aux Papillons perdus... Elle avait des jambes à peindre, ou à pleurer ! L'aveugle que sa nuit, sans lune, aime poursuivre, L'heureuse âme, était seul à ne pouvoir les suivre, Seul à n'émigrer pas où leurs pas l'emmenaient. Mes yeux déconcertés ne tombaient...
Quand ce fauve puissant comme un matin se lève, Des nuits des serviteurs jusqu’aux maisons des maîtres, Tombent aux coins des yeux, du bord de leurs fenêtres, Des poussières de lits et des miettes de rêves. Au jour incandescent, brûlant de cigarettes,...
Et rivière de mots dans des champs de papier, Mon âme était ce fleuve où tes yeux se baignaient. Larme éperdue de toi, vers eux je remontais, Leur source était mon but et leur bleu mon sommet. Quand ta tendresse en joie parfois redescendait, Je devenais...
Plantés sur des bâtons les pommes seraient rouges, La barbe aux papas rose et le rire éphémère, Du silence vaincu aux ferrailles qui bougent, La nuit serait grimée de masques populaires ! Dans l’odeur des beignets qui n’est pas encor née, Sur la ville...
Ils sont grands. Sont-ils peints ?! On les croirait vivants !.. A trop les regarder on croit que rien ne passe... Tout comme eux je savais qu’il ôterait ma trace, Comme il avait choisi la forme avec la place. J’arrêtais mon regard fuyant sur ces instants,...
Ton visage n'est plus dans mon rétroviseur, Il plane autour de moi la brume du bonheur... Essayer de me taire, essayer juste encore D'entendre ton sourire et tes regards si forts... Fermer la porte à clef, remonter les fenêtres, Les paupières baissées,...
Aux corps verts des collines, Monotone ou sublime, Encor déjà debout sur les branches, les cimes, Va la voix des oiseaux quelque part aussi loin Que l'eau de la rivière aux pieds des vieux moulins… En ce matin si tôt, Sous ce soleil si bas, Un jour nouveau...
Perfide est la prison Que la prison des vers, Et l'on tombe en des rimes Comme on tombe en des pièges. Attirants les parfums, Charmantes les couleurs, Et soudain se referment Les verrous sur le cœur. On entre en un jardin Qui n'est toujours que beau,...
Cet oiseau quand il mange et qu'il se rassasie, Qui ne réfléchit pas, qui agit, qui nettoie, Fait du bien tout autour en pensant à son lit, Le pigeon, car c'est lui, fait ainsi ce qu'il doit. Un autre messager, plus immensément laid, Privé d'ailes, d'azur,...
O douceur malheureuse, O laide expression Qui transforme une femme en abréviation ! En t’écrivant souvent, jolie facilité, J’ai bien moins de courage que de lâcheté ! En me donnant la place où je devrais la voir, En faisant de ma flamme un arc-en-ciel...
Me dira-t-on jamais, veuves sempiternelles, Qui dirige le sort ? Laquelle d’entre vous m’est à ce point rebelle Qu’elle m’aime à la mort ? Ne vous suffit-il pas d’être assez envieuses, Des desseins de mon cœur, Qui court, allégrement aux matinées pluvieuses,...