Un fantôme lointain semble se rapprocher...:
Nous marchions vainqueurs comme le temps qui passe,
Boire était déjà beau, nos faims nous nourrissaient.
Flottant parfum moqueur, cendres douces d'hier,
Ce n'était pas chez nous que la viande grillait,
Juillet coulait vers Août en vagues de rivière.
Tu n'étais pas jolie, tu étais merveilleuse.
Nos doigts errant heureux sur les rides des pierres,
La vieillesse était loin, la jeunesse ambitieuse.
L'été s'illuminait d'heures incandescentes,
Et là, en haut, - oui là -, des cimes orgueilleuses,
Des feuilles fièrement balançaient, verdoyantes.
L'ombre jaillissait claire, étonnante et précise,
Du village les rues s'entrouvraient, insouciantes,
Et nos âmes goûtaient la Nature soumise...
Dans le fond d'un jardin, un soir se dessinant,
Un homme, - il t'en souvient ? -, près d'une femme assise,
Contemplait, rassasié, ses enfants grandissants.
Le ciel bleu rougeoyait sirupeusement vite,
A tous, le jour passait, bel et gai, ravissant,
Mille couleurs vibrant au vent chaud qui palpite,
Quelques fumées allant, délicieuses, grasses...
- Pour un plat odorant qu'un barbecue crépite,
Combien de souvenirs remontent en surface ?!... -
Sébastien Broucke
Grelots d'outre-temps