
Mon temps comme en un lieu ténébreux de hasards,
N’aura jamais été qu’un immense brouillard ;
Je l’aurais traversé comme un aveugle né,
Tant vivre me fut moins courir que tâtonner.
J’ai cru sentir des cœurs, des sourires, des mains,
Mais quand je m’éveillais, chaque nouveau matin,
Il ne restait qu’un songe, un arbre ou des rochers,
Que mes doigts amoureux m’avaient fait caresser…
Là, seul en ma buée, je voyais, non sans peur,
L’instant que je serais jusqu’à ma dernière heure ;
De surprise à venir, point ! Nappe du destin,
L’épaisseur d’un nuage abrégeait mes chemins.
Pourtant dans mon néant, d’errements en désastres,
Je devinais parfois la présence d’un astre,
Et tentant de percer la brume des années,
Ma vie brûlait alors d’un soleil espéré !
Grelots d'outre-temps