La lumière était rare et l’époque morose,
La ville était déserte, les fenêtres closes,
Seuls à travers des trous perçant leurs tabliers,
Quelques traits de bougies s’échappaient des volets.
Nous allions sous le ciel, hébétés, pleuvinant,
Des gouttes sur le sol et des pas courts d’enfants.
Dans cette longue nuit nos deux cœurs prisonniers,
Se tenant par la main fuyaient l’obscurité.
Quand le bruit de la peur ou des soldats passait,
Une porte inconnue, parfois, nous abritait,
Alors, nous étreignant comme des brins d’osier,
Seul un regard de mère eut pu nous séparer…
Comme un homme noyé remonte lentement,
Cette angoisse lointaine est revenue souvent ;
Léger comme une feuille et blanc comme un papier,
Minuit me fut souvent l’occasion de trembler.
Mais, quoique je repêche et vu ce que je n’ose,
Ma vie d’épines pleine eut un parfum de rose,
Car du noir d’une nuit aux ciels des encriers,
Mes années et mes peurs ont côtoyé ta paix.
Grelots d'outre-temps