Que ne suis-je assez bon, que ne suis-je assez doux,
Que ne suis-je mieux né pour servir sous ta loi,
Que ne suis-je aussi fier qu'un baiser sur ta joue,
Que ne suis-je une oreille effleurée par ta voix...
Que ne suis-je tendresse, que ne suis-je amour,
Que ne suis-je un miroir où ton regard se perd,
Que ne suis-je un rayon de lumière à tes jours,
Que ne suis-je l'amant qui qui fait vibrer ta chair.
Que ne suis-je ce sol où se posent tes pieds,
Que ne suis-je ton pain, que ne suis-je ton air,
Que ne suis-je cette ombre à tout ton corps liée,
Que ne suis-je ton fils, ton époux ou ton père !
Que ne suis-je ce drap qui te couvre le soir,
Que ne suis-je une lampe au génie de tes heures,
Que ne suis-je un morceau de lune à tes nuits noires,
Que ne suis-je la flamme où s'éclaire ton coeur.
Que ne suis-je à la mer goutte d'eau sur ton dos,
Que ne suis-je à ton pied l'empreinte sur la plage,
Que ne suis-je un peu sable au soleil de ta peau,
Que ne suis-je ce ciel qui rougit quand tu nages...
Que ne suis-je le vide au creux de tes deux mains,
Que ne suis-je à ta lèvre un sourire pour rien,
Que ne suis-je celui qui fait battre ton sein,
Que ne suis-je cet homme heureux d'être le tien !
Que ne suis-je meilleur et prince de ton rang,
Que ne suis-je l'ardeur à t'aimer le plus fort,
Que ne suis-je coeur noble, infini dévouement,
Que ne suis-je cet ange ébloui quand tu dors...
Que ne suis-je pas né autrement que quelqu'un,
Que ne suis-je rempli de la force de fuir,
Que ne suis-je celui qui s'efface au matin,
Que ne suis-je une brume éteinte à te voir luire.
Que ne suis-je serein, coupable de courage,
Que ne suis-je ce dieu veillant sur ton chemin,
Que ne suis-je en moi-même un voile à ton visage,
Que ne suis-je tombé ailleurs qu'en ton jardin...
Sébastien Broucke