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15 mai 2014 4 15 /05 /mai /2014 21:38

 

Colliers

 

Attachés à nos jours comme aux diamants l’orfèvre,

Nous demeurons sans voix et le désir aux lèvres ;

Songeant à les tailler comme nos yeux l’espèrent,

Nous ne savons jamais ce que l’on doit en faire.

 

Si l’on ne craignait pas de réduire en morceaux,

Ces joyaux qu’il faudrait magnifier dans l’étau,

Nous sertirions nos vies de moments qui scintillent,

En martelant chaque heure en rivières qui brillent …

 

Sébastien Broucke

15 mai 2014

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8 mai 2014 4 08 /05 /mai /2014 23:24

  La-neige.jpg

 

Pour Alice Mansson-Essaine

 

Toute habillée d’or blanc qu’avaient tissé des cieux

Des couturiers géniaux sans nombre et silencieux,

Reverdissant les monts et les arbres imberbes,

La princesse avançait dans des lueurs superbes.

 

Tout l’appelait à fondre et dans l’herbe échouée,

Son altesse attendait pour partir renflouer

De son eau les ruisseaux, le printemps de son âme,

Pour germer aux chemins les fleurs qui le proclament.

 

A trop la désirer sous sa blanche voilette,

Le ciel bleu descendait pour lui conter fleurette,

Quel chemin prenait-il, quel étrange escalier,

Nul n’entendait jamais son pas ni son soulier.

 

Quand les odeurs de vie et les anciens parfums,

S’entremêlaient à naître aux sources d’un jardin,

Ils se retrouvaient là, en avril, voire en mai,

Pour contempler à deux leurs desseins animés.

 

Aucun d’eux ne parlait mais elle avait dit oui,

Et dans chaque aube en brume ils s’aimaient enfouis,

Il avait fait sa cour, elle, donné sa main,

Otant sous ses rayons sa toilette en satin.

 

Rendant chaque rivière, toutes nues plus pures,

Notre ange dévêtu de sa fine guipure,

Ecoulait sans gémir ses pleurs vers les torrents,

Qui déversent en plaine un visage au printemps…

 

Des oiseaux entonnaient soudain d’autres cantiques,

Recouvrant de leur joie les divines suppliques,

Et des millions de fleurs germées du dernier vert,

Dans d’intenses couleurs déracinaient l’hiver.

 

Sous les baisers du ciel descendu l’honorer,

Sa majesté sans fard, s’évaporant, mourait ;

Déposée sans un bruit, elle montait sans cri,

Expirant en ses gouttes qui rendaient l’esprit.

 

Doucement, sans effort, elle allait peu à peu,

Se mélanger le corps dans un océan bleu,

Et durant quelques mois, façonnant des étoiles,

Prier jusqu’à cette heure où le froid les dévoile.

 

Plus loin que l’horizon, au-delà des nuées,

Repartant dessiner sa traîne de buée,

N’en voulant à personne, attendant trois saisons,

La reine allait broder sa robe en sa maison.

 

Puis, volant sans un bruit, de nuit, sans prévenir,

Tel un cambrioleur quand tout est à dormir,

Elle aurait son habit de flocons incrustés,

Sa parure sans prix de lumières teintée…

 

Quand l’heure sonne enfin, elle peut redescendre,

Aux sommets de la terre atterrir et s’étendre,

Revenue glorieuse et sans même une ride,

Elle ose s’affaler sur les sommets arides.

 

Comme l’enfant qui fait de cette joie qu’on roule,

Des bonhommes à rire et des millions de boules,

Dans ce flagrant délire être à nouveau surprise,

Mais de tous ses dégâts voir sa victime éprise.

 

Que diras-tu, Alice, en voyant revenir,

Mêlés à tant d’azur tes heureux souvenirs,

Qu’écrieras-tu, ma fille, en découvrant que l’art

Est tellement plus beau quand il va nulle part…

 

 

Sébastien Broucke

7 & 8 mai 2014

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6 mai 2014 2 06 /05 /mai /2014 14:37

Femme en rouge

 

 

Affalée dans l’allée, ce soir ses os se perdent,

Quoiqu’elle ait pu rêver, ses doux songes s’éperdent ;

Sa peine est infinie, sa frayeur abyssale,

Et déjà les douleurs l’encerclent, colossales.

Abattue sur le sol, ses mains tenant son ventre,

Les yeux rivés au ciel, elle en devient le centre.

Personne n’en descend, les dieux n’écoutent plus,

Quel innocent enfant peut leur avoir déplu ?

Dans le sang de la nuit ses cris se sont perdus,

Et la femme accouchée ne l’a pas entendu…

 

Sébastien Broucke

6 mai 2014

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6 mai 2014 2 06 /05 /mai /2014 10:45

 

Rouge.jpg

 

 

Nos mains ne voulaient plus s’étreindre,

Le temps qui passait manquait d’heures,

Dehors mouraient à l’intérieur,

Nos cœurs effarés de s’éteindre…

 

Tout doucement, tout en lenteur,

Évaporant l’impatience,

Descendait du haut des sommets,

L’odeur des jours que promenaient,

Dessous le bleu du ciel intense,

Les grandes ombres du matin.

 

L’amour s’échappa en silence,

Mais j’ai gardé de ton absence,

Comme les restes d’un festin…

 

 

Sébastien Broucke

6 mai 2014

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4 mai 2014 7 04 /05 /mai /2014 12:39

Il s'agissait d'écrire un poème à la manière du texte "Automne" de René-Guy Cadou.

 

Robe d'herbe

 

Couleurs de mon adolescence,

Les blancs sommets sur l'horizon

Changeaient de robe et de saison.

J'avançais sous un ciel immense

Vers ma bienheureuse prison...

 

Mes copains remplaçaient mes frères,

La neige était évaporée,

Des fleurs repoussaient dans le pré.

Enfin disparaissait l'hiver,

Mais le froid parfois perdurait...

 

Les murs ne portaient que leur mousse,

Mon cartable épuisait mon dos,

J'étais fatigué mais les mots,

Comme les stylos de ma trousse,

Fuyaient de ma bouche un peu trop...

 

Florent Broucke (11 ans) & son papa

2 mai 2014 au matin

 

 

 

Poème "Automne" de René-Guy Cadou

 

Odeur des pluies de mon enfance

Derniers soleils de la saison !

A sept ans comme il faisait bon,

Après d'ennuyeuses vacances,

Se retrouver dans sa maison !

 

La vieille classe de mon père,

Pleine de guêpes écrasées,

Sentait l'encre, le bois, la craie

Et ces merveilleuses poussières

Amassées par tout un été.

 

O temps charmant des brumes douces,

Des gibiers, des longs vols d'oiseaux,

Le vent souffle sous le préau,

Mais je tiens entre paume et pouce

Une rouge pomme à couteau.

 

 

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1 mai 2014 4 01 /05 /mai /2014 15:00

Dans-l-herbe.jpg

 

Les arbres et les prés étaient bien plus que verts,

Luminescents ! Ils étaient chargés d’eau, de vie ;

Sur les cimes, sur l’herbe, où s’extasiaient les miens,

Un soleil gai versait ses yeux étincelants.

 

J’entrevoyais la force et le talent du Peintre

Qu’il me faudrait avoir pour évoquer ce monde ;

Tout était là-dedans, nul ne pourrait jamais

Tirer de ses pinceaux la douceur de son feutre !

 

Je jubilais quand même et plantais mes regards

Dans toutes les lueurs qu’exultait sa palette,

Je m’en gavais la tête à m’en submerger l’âme,

Jurant d’offrir un jour une réponse aux cieux.

 

Les années ont passé, point de louange aux anges,

Pas de complainte au ciel, aucune aubade immense,

Mais toujours en avril me débordent des verres,

Des lieux qu’un temps de pluie me rend fluorescents.

 

J’y ai bu, j’y rebois, j’y reboirai encore,

Au cristal de cette heure, à la coupe émeraude,

Ah, qu’une goutte enfin tombe sur mes poèmes

L’intensité des vers qu’on me versa dans l’œil.

 

J’ai saigné tous les mots qui m’ont coulé aux mains,

Je m’y suis enivré la moitié de la vie,

Pourtant je n’ai pas su rimer pour tes grands yeux

La verdure arrosée qui brûla ma rétine.

 

J’ai tenté sans répit l’étaler sur papier,

Ce beau qui s’élevait jusqu’à l’incandescence,

J’ai travaillé sans fin et relu chaque jour

Ce morceau d’infini déversé sur ma terre…

 

Je n’ai rien oublié : les arbres et les prés

Étaient bien plus que verts, Luminescents ! Mais vois,

Ébauchant pour ton cœur ce qui manquait au mien,

Je n’ai pas su t’écrire à l’encre du printemps…

 

 

Sébastien Broucke

1er mai 2014

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28 avril 2014 1 28 /04 /avril /2014 19:45

 

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Nous marchions sur la plage où la mer échouait

Doucereusement dans tes cheveux dénoués

Son air salé. La joie flottait partout, grand dieu,

Et l’amour ondoyait son drapeau dans tes yeux !

 

La jeunesse avançait entre la terre et l’eau,

En guettant ton sourire et l’ocre de ta peau.

Des vagues s’écrasaient lourdement sur le sable,

Effaçant sous leurs pas ton empreinte adorable !

 

Toutes venaient mourir dans des remous superbes,

Et renvoyaient aux cieux la fille ainée du verbe ;

Lui qui l’avait donnée pour éclairer le monde,

L’entendait jalouser tes longues boucles blondes !

 

Tu ne t’en souciais pas. Que les lueurs remontent,

Qu’elles fuient aux rouleaux que l’océan démonte,

Seul comptait ce moment où la bouche entr’ouverte,

Tu embrassais la vie qui nous était offerte…

 

 

Sébastien Broucke

28 avril 2014

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23 avril 2014 3 23 /04 /avril /2014 12:00

 

champ-colza 2

 

Comme aux rebords du monde il a jeté du sable,

Le soleil sur les prés semblait mettre la table.

On le voyait de loin dresser sur les collines,

Toutes pleines d’odeurs, brodées d’étoffe fine,

Ses nappes d’ocre jaune, immenses, ondulantes,

Où s’épousaient sans bruit le colza et la pente.

La rivière de brume ourdissant la vallée

Tissait dedans les nues ce bleu qui l’avalait.

Le jour passait sa main sur les animaux gourds,

Dans les champs d’à côté paissaient des taureaux lourds.

Plus loin germaient déjà de blondes céréales,

Qu’exhaussait le printemps vers un ciel idéal.

Dans ce temple parfait les heures communiaient ;

Dévorant le pain frais du céleste fournier,

Buvant l’eau des ruisseaux cascadant leurs sermons,

Je me gavais de joie en contemplant les monts.

 

Sébastien Broucke

23 avril 2014

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21 avril 2014 1 21 /04 /avril /2014 14:00

  ange caché

 

A foncer dans ce froid, à ramper sur ce sable,

J’entrevois que le feu n’a rien de redoutable,

Que l’enfer est de glace et que là s’y consument

Tous les efforts fournis pour courir sous des plumes.

 

Le pire est ce ciel sourd où ces oiseaux sans flamme

Ne crient ni ne rient plus tant comprendre l’infâme

Les effraie. L’air est gelé, le ciel anthracite,

La mer avance, hoquette, et les flots se délitent.

 

Une force indomptable a modifié les lois,

La lune n’y peut rien, la plage a tous les droits,

L’aller est malaisé, le retour impossible,

Et l’impuissance en tout soumise à l’invincible.

 

Heurtant des crabes morts, des poissons médusés,

L’hiver travaille au corps la nature abusée ;

Son cœur ne pulse rien, ses mains vont bleues, froisser

La robe des chevaux de ces armées blessées.

 

Tout blanchit, devient fou, les flots se statufient,

Plus rien n’est assez fort pour crier : « Ça suffit !

Retourne d’où tu viens, retourne dans tes terres,

Rends aux sommets leur neige et sa houle à la mer. »

 

L’hiver s’en fout, l’hiver avance, il est vainqueur !

N’ayant plus de frontière à ses envies d’ailleurs,

Il vient tout pétrifier, les plages obtempèrent,

A transmuter les eaux en ouvrages de verre !

 

L’onde crache l’écume ainsi que des cailloux,

Tout râle, tout rend lame, et le froid, ce voyou,

Jubile quand la mer aperçoit bafouées

Ses filles sur leurs sœurs qui viennent s’échouer.

 

Se traînant gravement, s’évertuant quand même

A tenter de toucher ces digues qu’elles aiment,

Sous les doigts des vents gris transissant l’eau qui tremble,

Elles souffrent chacune, elles meurent ensemble.

 

Figées dans leur élan par un sculpteur martial,

Erigeant en mourant leur propre mémorial,

Toutes déshabillées de la force de vivre,

On croirait des esprits momifiés de givre.

 

A remuer leurs eaux qui songent à sécher,

Sur l’onde atrabilaire on voit se détacher

En ces vagues gelées des rouleaux stupéfiés,

A croire que la mer se fait photographier !

 

Il est une autre image où le regard s’étonne,

Un moment de blessure aux anges qui chantonnent,

Une erreur à la vie, un problème à la foi,

Que seuls les plus aimants comprennent quelquefois.

 

Regarde cette femme où la larme a passé,

Sa vie s’est arrêtée quand la tienne a cessé,

Aux horloges du temps n’est plus qu’une saison,

L’hiver de ton absence a rempli sa maison.

 

Là-bas, petite enfant, dans son âme plaintive,

Tu demeures sculptée sur de célestes rives,

Sa mémoire amputée de vos années perdues

Est comme la banquise à ses yeux suspendue.

 

Miracle que de vivre en regrettant un mort !

Brisée dans ton élan, je sais bien que tu dors,

Mais puisque dans ses bras tu n’es pas revenue,

Ton sourire est gravé dans sa plaie mise à nue.

 

La vague à l’océan doit sans fin repartir,

Retourner en arrière est son seul avenir,

Cela fait des années qu’aux cieux restant pendue,

Cette âme prie ce dieu qui en est descendu.

 

Est-Il sourd, elle indigne, en demande-t-elle trop,

Dans son froid souvenir n’es-tu qu’un amas d’os ?

Elle t’aime toujours, encore, et vient le dire,

N’espérant rien de plus que voir tes yeux rouvrir.

 

Ne crains rien, Il entend le malheureux qui sonne

Ou frappe, Il goûte sa peine en personne.

Crois-moi, le jour arrive où chaque âme éplorée

Verra fondre la fille où la mère à pleuré…

 

 

Sébastien Broucke

17-21 avril 2014

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15 avril 2014 2 15 /04 /avril /2014 20:30

Enfants.jpg

 

Se posant sur des fleurs ou sur le vert des feuilles,

Tournoyant dans les airs et le bleu de son œil,

Lui chavirant la tête à l’écrouler dans l’herbe,

Des papillons dansaient dans les couleurs en gerbes.

 

Venant désaltérer l’insecte et l’animal,

La rosée s’étalait en bouchons de cristal,

Et dans ces frais miroirs réverbérant les nues,

Scintillait tout l’amour d’un jour redescendu.

 

Yann riait de la voir, avec ses jupes blanches,

Courir dans le matin qui traversait les branches.

Gauche et pleine de grâce, elle aimait se cacher

De lui lorsque sa robe aux buissons s'accrochait…

 

Enivrés de lumière, intense, immatérielle,

Ils trinquaient de concert tous les rayons du ciel !

A l’ivresse de vivre ils ajoutaient cette autre,

Se rouler dans les prés où tant d’odeurs se vautrent.

 

Comme fait le bonheur quand il vous prend la main,

Le temps se suspendait au cou du lendemain,

L’heure tournait pourtant à nos deux enfants sages,

Leurs cieux bleus s’empourprant au teint de leurs visages.

 

Le soir vint. Isabeau ! Un cri montait au loin,

C’est maman qui m’appelle, embrasse-moi au moins !

Il lui saisit la main, elle attrapa son cœur,

Et le soir n’eût jamais de plus douce saveur…

 

Sébastien Broucke

11, 14 & 15 avril 2014

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