Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : L'Apoèzie
  • : Ce blog me sert de recueil de textes...
  • Contact

Musique

Recherche

Nombre de visiteurs

Il y a actuellement    personne(s) sur ce blog
13 novembre 2013 3 13 /11 /novembre /2013 20:00

Femme au bouquet

 

Dedans la nuit sans fin, sans lune, sans plafond,

Tes yeux fixant la mer semblaient être sans fond.

Nous allions éveillés, les heures iraient blanches,

Et nos corps se frôler quand tournerait la clenche.

 

Je m’y noie, je m’y perds, dans ce noir abyssal,

Tant ton regard m’emplit d’éternité spectrale.

Le visage salé d’embruns redescendus,

L’écume du passé m’est aujourd'hui rendue.

 

Tes cieux sur l’océan creusant une lucarne,

Je vois en mes rochers leurs burins qui s’acharnent.

Et comme le tailleur assis façonne un buste,

En moi nos souvenirs s’enchâssent et s’incrustent !

 

Tel un secret perdu, un instant d’alchimie,

Je garde d’une nuit où tu n'as pas dormi,

Au cœur, comme un joyau, scintillant, abrasé,

Et qui rien ne pesant aura tout écrasé.

 

Tombant dans ces sillons que le néant me trace,

Mon âme est éraflée sur toute sa surface.

Lors je devine enfler, dans mes os, triomphal,

Le venin qui transforme un homme en animal.

 

Au clapotis que font leurs astres et les nôtres,

Les vagues du lointain se chassent l’une l’autre,

Mais par ordre du vent une ombre les ramène,

A l’heure où dans mon cœur ton prénom se promène…

 

Je le redis tout bas, je le chante, l’épèle,

Pour que dans mille années ce lieu se le rappelle !

Je veux qu’en cette plage, éternel, ineffable,

L’amour dont je déborde imprègne tout le sable,

 

Que le moindre morceau du moindre coquillage,

Psalmodie vers le ciel à travers tous les âges,

Qu’un soir, en d’autres temps, que l'extase inhuma,

Ici-même, en aveugle, un poète t’aima.

 

 

Sébastien Broucke

12 & 13 novembre 2013

Partager cet article
Repost0
5 novembre 2013 2 05 /11 /novembre /2013 15:00

Femme-a-l-enfant-copie-1.jpg

 

Larme du ciel, l’étoile file, on fait des vœux,

Tu ris, tout rit, je tiens ta main, tu tiens mon cœur,

Tout est facile ou semble l’être, il n’est plus d’heure,

Dans tant d’amour, la nuit grandit à petit feu…

 

Dans nos bouches des mots, tout plein, qu’on ne dit pas,

L’obscurité n’a rien de noir, calme est ce deuil,

Le firmament comprend, se tait, cligne d’un œil,

Germant au fond de nous les vœux que l’on terra…

 

Sébastien Broucke

5 novembre 2013

Partager cet article
Repost0
2 novembre 2013 6 02 /11 /novembre /2013 16:00

femme allongee dans le feuillage

 

Le soir descend, le soir est calme, et vois, mon âme,

Cette étoile morte au lointain, touchant à Dieu.

Regarde-la, elle est éteinte, et c’est là le pouvoir des cieux,

Que d’incendier nos yeux d’astres privés de flamme.

 

Le ciel joue avec la lumière, il la conserve,

Comme fait notre cœur avec le souvenir.

S’il dort en nous sans pouvoir s’empêcher de luire,

Qu’est flamboyant l’instant que la mémoire observe…

 

Sébastien Broucke

2 novembre 2013

Partager cet article
Repost0
31 octobre 2013 4 31 /10 /octobre /2013 15:00

Femme en rouge

 

Comme ces peintres-là en remontant aux cieux,

S’effacent des tableaux où s’abîment nos yeux,

Se meurent dans mon cœur, quand leurs soleils s’éteignent,

Ces jours dont ton sourire ennoblit tout le règne.

 

Sous le temps qui les ronge et la vie qui s’écoule,

Dans ma mémoire on voit des bâtisses qui croulent.

Ni poussière, ni bruit, pas un seul saignement,

Tout ce qui tombe ici tombe sans mouvement.

 

On croirait que l’automne en son vêtement rouge,

Pétrifie dans mon âme, empêchant qu’ils ne bougent,

Nos derniers souvenirs. J’attends, nonchalamment,

Qu’il repeigne mon cœur d’étranges rougeoiements…

 

T’oublier, la plus grande de mes petitesses,

Au baiser de Judas j’aurai joint la caresse.

Traître à notre passé, souffrant d’indifférence,

J’habille mes pensées de trop de sénescence…

 

J’oublie, je désapprends, chaque jour je dépose

Une brique de plus sur l’herbe morte et rose,

Où nous marchions tous deux aux verdoyants printemps,

Nous tenant par la main comme font les amants.

 

Ayant tout démoli les ans passent et rient,

Quand moi j’entends que pleure en ce chaos, meurtrie,

Une petite enfant qui traverse la salle

Du château disparu de nos joies colossales…

 

Sébastien Broucke

31 octobre 2013

Partager cet article
Repost0
30 octobre 2013 3 30 /10 /octobre /2013 14:00

  La-clarte.jpg

 

Les hivers entre eux s’accoquinent,

Pour assassiner sans effroi,

Ceux qui couverts de mousselines,

Craignent moins la faim que le froid.

 

La neige et le givre chahutent,

Dans un silence d’exception,

Et les pauvres dans leurs cahutes

Meurent de blêmes consomptions.

 

Saisons de tous les sortilèges,

Nos gredins sans vin, sans boisson,

Vont en charrettes sans cortèges,

Fêter sans éclat leurs moissons…

 

Sébastien Broucke

30 octobre 2013

Partager cet article
Repost0
27 octobre 2013 7 27 /10 /octobre /2013 10:30

Petite-fille.jpg

 

Pour Eléna

 

Tu te tiens donc assise et dans ta marinière

Vacilles dans ton parc sous les yeux paternels.

Tu happes tes doudous sans tomber en arrière,

Ta poupée qui vient la première,

T’embrasse avant Polichinelle…

 

En toi s’agite un ange et c’est un grand mystère,

Que de voler sur terre avant que d’y marcher.

Tu portes tant d’amour dans ta petite chair,

Qu’en leur cœur ton père et ta mère,

Trouvent en toi l’or qu’ils cherchaient…

 

Maman est toute émue, mais comment ne pas l’être,

S’asseoir c’est déjà s’échapper, penser à mieux.

Tu n’as que quelques mois, eux quinze années peut-être,

Avant que tu n’ailles renaître,

Dans d’autres cœurs, en d’autres yeux…

 

La vie que tu vivras n’aura rien de la ligne,

Et tu rencontreras bien des épouvantails.

Alors selon le vent, les oiseaux qui trépignent,

Voguant sur les eaux tel un cygne,

Tiens ton cap et le gouvernail !

 

Pour l’heure, attends ici, vois ces jouets sans nombre,

Attrape ces poupons avant qu’ils ne s’enfuient.

Le temps, c’est de la joie ! Face au soleil, point d’ombres,

Goûte l’enfance qui t’encombre,

Avant que tes joujoux n’aient fui…

 

Ce parc est ton jardin où fleur à peine éclose,

Tu nous renvoies la vie comme à des papillons.

Si belle, ensorcelante ainsi que sont les roses,

Réjouis mon âme morose,

Happe-la dans ton tourbillon !

 

Sébastien Broucke

26 & 27 octobre 2013

Partager cet article
Repost0
25 octobre 2013 5 25 /10 /octobre /2013 10:00

1379431 646630208714939 1349489323 n 

Sur ses papiers glacés glisse son porte-mine,

On pourrait sur tant d’eaux voir filer ce bateau,

Soulevant après lui aux mots qu’il dissémine,

L’écume où les poissons reflètent les oiseaux…

 

Un point vient et ponctue comme une ancre tremblante,

Les phrases qu’elle arrête où stoppe son navire,

Elevant jusqu’aux cieux ses idées rayonnantes,

Les muses qu’elle émeut se plaisent à la lyre…

 

Dans ce parc étoilé sa grande âme s’égare,

Et quand survient la nuit où son regard s’étend,

Ce n’est pas aux rochers que sa barque s’amarre,

C’est au vague, à la lune, aux ondes sur les temps…

 

Elle arrime à ses vers, un astre, une voyelle,

Un papillon bavard qu’elle essaie de traduire,

La poétesse émue navigue à tire d’aile,

En guettant ces vents chauds qui la feront frémir…

 

De ces nuits sans sommeil elle fait des guirlandes,

Luisant sur les matins en des soleils heureux ;

Le Beau germe dans l’aube où ses mots se répandent,

Et tout serait béni si tout brillait comme eux…

 

Ses jours sont une rade où son cœur se repose,

Mais rien ne l’effraie plus que vivre sans frayeur,

Anna craint l’océan car c’est sur lui qu’éclosent

Ses textes où la nuit réfléchit ses lueurs…

 

Elle sait tout décrire et même le silence,

Devient une musique, un vitrail, un tableau,

Où le regard et l’âme enthousiasmés s’élancent,

Comme vers l’infini s’enfuiraient deux radeaux…

 

Abasourdi je reste étonnamment conquis

Par celle qui s’emplit de célestes soupirs,

Et si dans l’horizon se noient ses yeux exquis,

C’est plonger en chacun que lire ce qu’ils virent…

 

Sébastien Broucke

24 & 25 octobre 2013

 

 


 
Partager cet article
Repost0
20 octobre 2013 7 20 /10 /octobre /2013 17:30

Beau-visage-copie-1.gif

 

Où fuit cette gouttière on devine que l’herbe

S’en trouvera plus haute et chaque fleur moins seule ;

Le soir pourtant, son bruit continu exacerbe

Mon envie d’échanger mes draps contre un linceul !

 

S’il pleut, j’avoue, tant de vacarme m’exaspère :

J’ai l’impression qu’un simple, un vieux chéneau percé,

Arrose, abreuve, irrigue, amplifie ma colère,

Pour me noyer au lit où j’attends agacé.

 

Dormir… Ce filet d’eau se mue en un torrent,

La nuit va sans sommeil et je suis pris au piège,

Je me débats un peu, je lis, puis je me rends,

Comme un château cerné, un donjon qu’on assiège !

 

Je me lève éperdu, descends dans la cuisine,

Où là, vaincu, je me colle à la vitre, et vide,

Je regarde effrayé la cascade voisine,

Victorieusement, tomber grosse et splendide.

 

Sébastien Broucke

20 octobre 2013

Partager cet article
Repost0
17 octobre 2013 4 17 /10 /octobre /2013 18:00

Fille qui fuit

 

Descendant les sentiers il chantait à tue-tête,

Mais les pierriers souvent jouaient les trouble-fêtes ;

Nous aurions tout donné pour savoir survoler

Ces tonnes de cailloux qui manquaient de rouler.

L’homme éclatait de rire et donnait de la voix,

Racontant de héros les bibliques exploits.

Ses discours apaisaient bien peu la compagnie,

Tant la peur de tomber nous restait infinie.

Insufflant son courage à la troupe soucieuse,

Il chassait nos frayeurs en les rendant odieuses,

Mais l’angoisse est tenace et tous auraient parié

Que chacun d’entre-nous dans son âme priait.

Grand Dieu, loin de nous l’idée de nous recueillir,

Il fallait avancer, nul ne devait mollir !

Il prenait alors l’air d’un prêtre qui sermonne

Une blonde assemblée de têtes polissonnes :

Il devenait Moïse et nous, peuple d’Egypte,

Nous nous sentions plus seuls qu’un tombeau dans sa crypte !

Essayant d’allumer la bravoure alentour,

Nous parlant de déserts, de foi, des anciens jours,

Il racontait sans fin d'impossibles histoires,

Qu’effrayés nous eussions certainement dû croire…

 

Agrippés à un sac, saisissant notre chance,

Nous fuyions le pays, on s’échappait de France.

N’ayant plus qu’un passeur pour unique famille,

Quelques pleurs essuyés pour que nos regards brillent,

On se terrait le jour, on avançait de nuit,

Nos petits cœurs battant sous la lune qui luit…

Les montagnes s’offraient à ce troupeau martyr

Comme un immense Eden dont nul ne peut sortir.

Sur des chemins de croix pour anges anxieux,

En nos coeurs convaincus de n’être jamais vieux,

Chaque pente amplifiait l’impérieuse envie

D’oublier le vertige et de rester en vie.

On se parlait très peu, on ne se parlait pas !

L’un pensait à sa mère, un autre à son papa,

Et chaque heure passée, chaque sommet gravi,

Nous faisaient entrevoir notre bonheur ravi…

Ne nous plaignant de rien, on souffrait de partout,

Nos âmes saignant plus que nos pieds des cailloux.

On nous avait tout pris, l’enfance, nos parents,

Nous restaient-ils encor, d’ailleurs, des sentiments ?

Mais aujourd’hui encore, émue, j’aime à songer

Au soldat allemand qui nous encourageait…

 

Sébastien Broucke

15 & 17 octobre 2013

Partager cet article
Repost0
14 octobre 2013 1 14 /10 /octobre /2013 19:00

Jolie femme

 

Nous pensions, nous rêvions, succombions l’un à l’autre,

Mais timides tous deux nous ne nous parlions pas.

 

Puis un dimanche en juin, sans Dieu, sans patenôtres,

Nous prîmes loin du temple un céleste repas.

 

Je t’avais vue t’enfuir dessous ta blanche ombrelle,

Pour longer ce ruisseau qui sortait du village...

 

Le soleil échouant à frôler ton visage,

Tes cheveux ondulaient sur tes claires dentelles,

Les reflets irisés des lumières du ciel.

 

Sur ta robe où coulaient tant de lait que de miels,

Les arbres tournoyaient les ombres de leurs branches,

Mélangeant en mon cœur au rythme de tes hanches,

La passion de te voir au bonheur de t’attendre.

 

Ce jour-là je courus où tu aimais t’étendre…

 

Sébastien Broucke

13 octobre 2013

Partager cet article
Repost0