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10 novembre 2009 2 10 /11 /novembre /2009 23:00

 

La mer

 

 

Si mes jours ont été bateaux,

Des bouts de moi sur beaucoup d’eau,

Malgré mille vents, mille orages,

Les gifles vaguant mon visage,

J’en ai vu tant et tant, tant gais,

Sur l’amer qui les promenait,

Que resongeant à leurs sillages,

Aux doutes tus, aux faux naufrages,

Il me berce ce soir en flots,

Le souvenir de leurs drapeaux !…

 

D’un baiser tombant sur mes mots

La douceur tiède des ruisseaux,

Au regard hantant chaque page

De mes grands cahiers de voyage,

Le roulis n’envolait jamais

L’espoir qui seul m’avait trouvé ;

Fantômes dedans les nuages,

Mes vaisseaux cherchaient cette plage,

Où les soutes de mes cargos

Valaient enfin de sable un seau !…

 

Pour quelques pas tous près de l’eau,

Quatre empreintes sur ces grains chauds,

J’aurais su prendre à l’abordage,

La lune où j’avais mon village ;

Du passé qui me les gerçait,

Mes lèvres sont restées salées,

Et si les ports m’étaient des cages,

Ma route ne fut qu’un rivage,

Car aucun pays fut plus beau

Que le sol rêvé de ta peau !…

 

 

 

Sébastien Broucke

Grelots d'outre-temps

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10 novembre 2009 2 10 /11 /novembre /2009 21:30

 

 

Connais-tu ce berceau, cet endroit, cette tombe,

Où les vautours sont moins méchants que les colombes ?

As-tu croisé cet arbre, auquel poussent, d’où tombent,

Amphigouriques, clairs, colorément abscons,

Cime loin de la terre, racines tout au fond,

Feuilles, fleurs, lents bourgeons quelque soit la saison ?

 

Au milieu des oiseaux, diurnes, nyctalopes,

Mûrissant les couleurs dont les jours s’enveloppent,

Que ton ciel se suspende ou que tes vents galopent,

Dans des parfums sucrés, dedans des chairs amères,

Des fruits, bons pour certains, pour d’autres délétères,

Crachent en s’écrasant du sang d’homme à ta terre.

 

As-tu un plan à suivre, est-ce la ta faiblesse ?

Que viens-tu contempler dans toutes nos détresses,

Ton amour démoli, comme nos forteresses ?

As-tu mis ta beauté dans la futilité,

Tissé notre néant de ta fragilité,

Compris qu’au dérisoire est la sécurité ?

 

Vivrais-tu comme nous d’absurde et de frayeurs,

L’amphisbène caché te fait-il même peur

Que l’orage à l’enfant, la ruse à la candeur ?

Puisque le moineau fait la majesté de l’aigle,

Que les petits toujours sur de plus grands se règlent,

Nous nous ferons moineau si tu te montres l’aigle !

 

M’emportant loin de moi jusqu’à ton firmament,

Je t’écris de mon âme où taire assez j’attends,

Mes mots idiots et lourds t’offensent sûrement ;

M’emportant loin de nous jusqu’à ton ciel de verre,

Je t’écris de notre âme où reposer j’espère,

Ces grelots d’outre-temps tintent notre poussière…


Sébastien Broucke
Grelots d'outre-temps
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10 novembre 2009 2 10 /11 /novembre /2009 21:15

 

La-poupee-Vroubel-copie-1.jpg

Craignant de voir planer son ombre sur la terre,

Eloignée du ciel pur comme du bleu de l’air,

Ma vie ressemble fort à celle d’un oiseau

Qui resterait en bas bien plus souvent qu’en haut !

 

Si sa voix m’est de l’encre aux doigts de ce poignet,

Je la contemple triste autant que résignée ;

Programmée pour servir, à l’absurde soumise,

Créature sans plus, s’enfuir est sa hantise…

 

Stupide, animal, beau, servile j’obéis !

Au frais de mon cachot j’invente des pays :

Montagnes sans sommets, frontières sans soldats,

Tout ce que je voudrais, tout ce que je n’ai pas…

 

Chanterelle enfermée qui se tient à oui clos,

Ma plainte seulement traverse mes barreaux ;

Bête sans nom, hors moi j’enferme ma folie,

Mon corps m’est cette cage où désœuvré j’écris…

 

Cisailler l’air ? Voler sans but ? Piailler sans cause…?

Faut-il une réponse à tout ce que l’on n’ose ?

Malhonnêtes motifs à ce qu’on se refuse,

Je n’ai pas deux raisons, que de fausses excuses !

 

Mais dans mon sang, parfois, la vérité rompt tout ;

Elle s’avance fière et siffle au temps, au tout :

« Liberté ! mon amour, Liberté ! mon poème,

Si tu ne me manquais, saurais-je que je t’aime ?!… »





Sébastien Broucke
Grelots d'outre-temps
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9 novembre 2009 1 09 /11 /novembre /2009 13:45



De la vie, des objets, des arbres et des gens,

Les détails s’oubliaient en formes imprécises,

Les lignes restant floues, les courbes indécises,

Aux façades sourdait l’écho des mouvements.

 

Comme au guerrier jaillit l’ivresse au sang qu’il verse,

La souplesse allait noire et sur le blanc du dur ;

Radieux crucifiant mille ombres sur les murs,

Le soleil frappait tout de ses milliers de herses !

 

Obscurité, clarté, l’une à l’autre soumises,

Il faisait chaud, peut-être, aux soldats trépassants,

Car semelles collées, le bruit des survivants

Allait le même pas qu’un silence d’églises.

 

Pourtant, l’hiver était cette année bien sévère,

Et s’il avait donné plus qu’il n’en faut de neige,

Le carmin de leurs vies coulant aux fumées beiges,

Les humains aveuglés le payaient vite et chair !

 

La jeunesse perlait aux profondes blessures,

Et brûlant des flocons tombés gratuitement,

Cette cire rougeâtre aux enfants titubants,

Laissait chaque âme au ciel remontait sombre et pure…

 

Car un cierge s’éteint dans une odeur d’encens,

Les secondes de vie comme une armée qui rampe,

Dans la tête ouragan, tempête dans les tempes,

Ruisselaient des parfums de regrets aux mourants ;

 

A l’angoissant espoir d’aller rencontrer Dieu,

Le jour seul, clair encore et consumé de bleu,

Au milieu du béton, du fer, des coups de feu,

Rentrait dedans leurs plaies comme dedans leurs yeux !

 

Ils gémissaient « Maman… », ils murmuraient « de l’eau… »

Et répandant leur sang rendaient leur dernier souffle,

Le corps percé de coups, de froid, les doigts sans moufle,

Dans des cris de douleur et quelque chant d’oiseaux.

 

Revoyant un fauteuil, un chien, quelques couleurs,

L’enfance entre-tuée aux mêmes idéaux,

Le sombre des cercueils au calme des tombeaux

Se refusait rageur à ces morts pour l’honneur.

 

De la vie, des objets, des arbres et des gens,

Les détails s’oubliaient en formes imprécises,

Les lignes restant floues, les courbes indécises,

Aux façades sourdait l’écho des mouvements.





Sébastien Broucke
Grelots d'outre-temps
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9 novembre 2009 1 09 /11 /novembre /2009 13:30
Napoleon-a-cheval.jpg



Un nuage en mon ciel allait envahissant

Le plus commun des gris du plus merveilleux blanc.

O sommets effacés, O pieds des monts tremblants,

Ce manteau de candeur vous rendait imposants.

La neige éparpillée, délicieusement,

Jouant au matin clair, au milieu frais du vent,

Riant de sa puissance et de ses combattants,

Faisait fondre sur nous ses cailloux agaçants.

 

Chutant tout doucement, ces bouts de firmament,

Apostilles d’amour, gouttes d’encre mourant,

Sur la vie endormie allaient épaississant

La blancheur du papier de leur ciel innocent.

Mêlant cette écume à mon pas, le sol allait crissant

L’absence des couleurs et l’eau qui dort dedans,

Et l’azur ébleui, sur nos cheveux d’enfants,

S’écrasait en baisers tendrement se posant.

 

Comme l’Europe au jour de mes trente cinq ans,

Devant mon bras levé fuyaient les assaillants,

Et mes bottes de noir sur la pâleur des champs,

Gravaient une préface à mon règne naissant !

L’école encor fermée, c’était après l’avent,

Des restes de savoir d’un dieu moins ignorant,

D’un sabre encor de bois, d’un cheval transparent,

La Corse avec la France affluaient dans mon sang.

 

Quelque fleur nivéale, edelweiss, et d’argent,

Regardait sa beauté disparaître un moment,

Et comme elle et le jour, les bonnets élégants,

Se laissaient, étonnés, habiller autrement.

Calme, hyperboréen, le temps ralentissant,

Des minutes glacées passaient sur les passants,

Et l’hiver revêtant d’uniforme les gens,

Mes souvenirs naissaient beaucoup moins froids que grands.

 

Sous les regards vaincus, sur l’herbe blanchissant,

L’Invincible avançait silencieusement,

Son lent drapeau semblant au lieux environnants,

Flotter depuis toujours jusqu’à dorénavant.

Le mien, mouchoir encor, n’éclairait qu’un arpent,

Mais l’Egypte bientôt ne lui serait qu’un champ,

Car l’avenir, déjà, tout en se rapprochant,

A mes pieds déposait la gloire et les serments.

 

La joie aux alentours, et aux adolescents,

Au Noël dépassé, au tableau noir dormant,

De la poudre de craie que faisait un géant,

Nous apprenait la vie et la guerre autrement.

Tous les arbres, les toits, ce premier jour de l’an,

Contemplaient cette manne affamer les enfants,

Mais moi seul pouvais voir dans son geste hésitant,

Que ce pain de coton descendait en pensant.

 

Courant couvrir le sol, hymen, étonnamment,

De sa traîne encor pure et de son cœur d’amant,

Dans la brume cloîtrée, religieusement,

Ma jeunesse amblyope avait l’œil conquérant.

Son courage à la main, ma rage entre ses dents,

Tel un ange rempli du grand commandement,

Gardant dessous mon front des lois pour d’autres temps,

Je voyais par-delà les ombres du présent !

 

Mais quoique glacials, aussi beaux que touchants,

Mortifères instants préparant le printemps,

Si l’espoir s’égrenant germait abondamment,

Si plongeant dans mon cœur m’allait le réchauffant,

Sachez moments trop courts, patries me fascinant,

Histoire où je rentrais, destin me façonnant,

Que ce sont vos flocons qui auront en tombant,

Inscrit de sur ma vie : Napoléon le grand !



Napoleon-empereur.jpg

Sébastien Broucke
Grelots d'outre-temps
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9 novembre 2009 1 09 /11 /novembre /2009 12:30



Sur l’arbre de ma vérité,

Je vais tel un yponomeute ;

Où ma patte vient se poser,

Mes pieds se jettent en meute.

 

Papillonnant lépidoptère,

Ma fin me pousse à dévorer,

A remplir de noir et de vers,

Mes feuilles tout de blanc chargées.

 

Quatre ailes plantées dans le dos,

J’enfante ce que je suis né ;

Larve ou chrysalide de mots,

Vivant des dégâts que je fais.

 

Pourtant, quoique mes ombres peignent

L’atroce et la lucidité,

Ternes couleurs et corps de teigne,

S’oublient en phrases colorées.

 

Poète inutile à brûler,

Par les hommes je suis maudit,

Mais pour les enfants intrigués,

Du laid je jaillis le joli.




Sébastien Broucke
Grelots d'outre-temps
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8 novembre 2009 7 08 /11 /novembre /2009 00:30



Dans la plaine rempli d’effrois majestueuses,

La foule est imprécis, ses pas inquiétantes,

Les fleurs sont ignorants, l’azur est merveilleuse,

Et la route enlacé de parfums encombrantes.

 

A gravir ce sentier, qu’on ne fait qu’une foi,

Les hommes sont un cri, toutes les femmes mères ;

Le poussant du regard sans savoir ce qu’ils voient,

Ils disent à l’Enfant : « Retourne vers ton père ! »

 

Mais l’Homme dans ce dieu s’inquiète de leur sort,

Et l’Amour malheureux que le sol évapore

Transpire avec son sang des larmes pour leurs corps…

 

Puisqu’il est descendu pour monter sur leur bois,

De ce sommet toujours qu’ils dévalent parfois,

Il ne voit plus deux sens à son chemin de croix.





Sébastien Broucke
Grelots d'outre-temps
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8 novembre 2009 7 08 /11 /novembre /2009 00:00



Sur des bancs bavards, des femmes assises,

Debout, devant elles, des hommes jouent.

On attend, - je pointe ou je tire ?-, on vise…

Un garçon court, des filles font la roue.

 

Le square est plein, les enfants s'émerveillent,

On lance un rire, une idée, d’autres boules...

Le soleil impartial, l'arbitre, veillent,

- Non, plus à droite ! -, et le cochonnet roule.

 

La nuit s'avance et les joueurs s'amusent,

Gagné ?! Perdu ?!… Mais l'être humain s'abuse,

Un jour de plus, tout simplement.

 

En regardant ces heures, ces parties,

Moi, là, seul entre eux tant, j'avais compris

La quiétude et l'inquiet temps.





Sébastien Broucke
Grelots d'outre-temps
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7 novembre 2009 6 07 /11 /novembre /2009 23:15



Il t’a fallu partir ?! Il faut donc te quitter ?!

Mais il est un peu tôt, étais-tu si pressée ?…

Toi qui jours après jours nous gardais ton amour,

Toi qui de l’un et l’autre attendais le retour…

Toi sans qui nous n’aurions jamais vécu nos vies,

Après tout ton amour, ta mort nous réunit !?

Nous serons courageux, ne va pas t’inquiéter,

Nous t’aimons nous aussi, rien ne sert de pleurer.

Rien ne sert de pleurer… Est-ce la vérité ?

Car lorsque toi tu pars, c’est pour l’éternité !

Quoi, l’on ne peut tout dire ? Un ange a-t-il des larmes ?

Oh ! Ne crains plus pour nous, les nôtres sont nos armes.

Ces gouttes salées tant que tu nous vois verser,

Luttent contre les feux que tu as allumés,

Car l’absence incendie les esprits et les âmes,

Nos yeux répandent l’eau pour consoler des flammes !

Oh ! Mamie regrettée, entre deux mots trop grands,

Et pour nous et pour toi, et pour tous les absents,

Pour tes filles chéries qui t’aimaient plus que moi,

Je n’ai plus à choisir, je n’hésite pas, vois :

- Mes pleurs, osez couler ! Mes yeux, laissez venir ! -

Chacun peut-être ici, chacun pourra se dire…

J’aurais fait de la peine, ou, j’ai été absent ?

Peut-être aurais-je du venir bien plus souvent…?

Alors c’est sûr il faut… Lui dirons-nous pardon ?…

Oh non ! tendre Mamie, pas aujourd’hui, ah non !

Le mot qu’ont tes enfants, là ou non mais ici,

Est juste un peu plus court, et ce mot c’est : Merci !

Arrière Grand-maman de tous nos chers enfants,

- Et tu sais oh ! combien nous le pensons vraiment. -

Merci d’avoir été la mère de nos mères,

Merci d’avoir été celle dont on est fière !

Car la noblesse en toi n’était pas ridicule,

Ton nom moins que ton âme était à particule,

Et quoi qu’on puisse apprendre, enfin l’on sait pourquoi,

Une reine toujours laisse les siens parfois...

Pourtant, vous auriez pu, Madame ma grand-mère,

Repousser juste un peu vos minutes dernières…

Toi qui séchais nos pleurs quand nous étions enfants,

Pensais-tu nous les faire un jour couler autant ?

A peine es-tu partie que l’absence persiste,

Avec tant de chagrin, comment n’être pas tristes ?

Nous laissant en cadeau comme un legs à tes filles,

Que feras-tu là-haut loin de notre famille ?

Nos mères dont je vois la tristesse couler,

Attestent que mes mots sont sincères et vrais.

Irisant de bonheur leurs journées et leurs soirs,

Garde les réunies au ciel de ta mémoire !

Chère arrière Mamie, quant aux anniversaires

Où tu ne seras plus, qu’allons-nous donc en faire ?

Le café, samedi, c’est qui qui le fera ?!…

Près de qui irons-nous, qui nous rassemblera ?

Quoi, comment, plus fort, tu dis ? Des détails tout ça ?!…

Oui, c’est vrai, le temps passe, et le temps passera,

Mais ainsi qu’en ce jour, notre famille éparse,

Aura froid fort longtemps, le douze au mois de mars…

Nous pleurerons un peu, ceux qui t’aimaient beaucoup,

Et puis, et puis, ton souvenir séchera tout,

Comme ta main. Nos larmes cesseront sans doute,

Oh ne nous mentons pas !… Chaque enfant suit sa route.

Mais en fait peu nous chaut et Mamie peu t’importe,

Tous ceux de qui l’on vient sont ceux-là qui nous portent !

Et toi, tu es en nous, et là, ce soir, pour la première fois,

Etonnamment je sens ton sang qui coule en moi !

Puisque c’était écrit, puisque ta dernière heure,

J’aimerais t’envoyer comme tous ceux qui pleurent,

J’aimerais t’envoyer ce mot que tu disais,

Ce mot, oui, souviens-toi, lorsque tu nous serrais,

Petits-enfants chéris tout fort dedans tes bras…

Ce mot qui gênait tant, quand nous ne savions pas…

Ce que c’est que chérir, ce que c’est que donner,

Ce que c’est que savoir, ce que c’est que d’aimer…

Et ce mot, lequel est-ce ? Oh ! le plus beau Mamie,

Le plus beau : Je vous aime, et non pas à demi.

Non, nous n’attendrons plus, Mamie, les cimetières,

Les instants trop tristes, les gentilles prières,

On dira tout avant, on va devenir grands…

On essaiera d’aimer quand les gens sont vivants.

Pour toi, ayant aimé durant toute la vie,

- J’en veux pour preuve encor ces enfants recueillies,

Auxquelles tu as dit, Vous êtes étrangères,

Si vous m’en jugez digne, acceptez-moi pour mère ! -

Que le Dieu de tes jours te reprenne en son cœur,

Car le tien fut trop grand pour reposer ailleurs.

 

Amen.

 

 

11 mars 2001.

Si j’avais su faire mieux, Mamie, j’aurais fait plus court.

 

 

 

Sébastien Broucke

Grelots d'outre-temps

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7 novembre 2009 6 07 /11 /novembre /2009 21:30

 

C’est une maison vieille où vont des volets blancs,

Des toits à pente rouge, un escalier trop grand.

Entourées de lilas et de rosiers grimpants,

Des jardinières lourdes dorment sur des bancs.

 

Sur la terrasse où point la chaleur des croissants,

En face le lait chaud fumant abondamment,

Un dimanche déjeune à côté d’un enfant,

Au son d’une biscotte au matin craquetant.

 

Pour verser ses parfums qui coulent comme hier,

La nature en beauté remplit son aiguière ;

Tout est naissance encor, tout encor création,

La cerise, les fleurs, les chants, les papillons !

 

L’odeur coupée des foins flotte partout dans l’air,

Et l’enfance à nouveau me remonte légère !

A côté des fourmis, mille pas effacées

 

Dorment nos souvenirs aux graviers de l’allée.

Plus loin, juste un peu d’eau, près le jardin, derrière ;

Là, dans le bénitier, des poissons en prière !

De la vase et du fond leur silence en pétale

Sur quelques nymphéas remonte, et blanc, s’étale.

 

Dans ce bassin caché, jouxtant les conifères,

On aperçoit glissant aux reflets d’un ciel vert,

Un nuage en morceaux qu’un jour a fait s’enfuir

De cette cheminée qu’ils vont bientôt construire.

 

Dans notre cédrière, affalées sur les pierres,

Les ombres des thuyas parlent à la clairière.

Si le printemps est là, absorbé et songeur,

Actives et pressées vont d’autres mêmes heures.

 

Les oiseaux sont toujours au milieu des fougères,

S’abritant du soleil ou cherchant quelques vers…

Notre arbre est comme nous, il n’a guère changé,

Il porte moins de fruits, juste un peu plus d’années !

 

C’est une saison rare où vont des volets blancs,

Des toits à pente rouge, un escalier trop grand.

Entouré de lilas et de rosiers grimpants,

Le bonheur du passé plane au-dessus des bancs.

 

Sur la terrasse où feu la chaleur des croissants,

Regardait du lait chaud la fumée s’élevant,

Un dimanche ramasse à côté d’un enfant,

Les miettes d’un matin lentement s’avançant.

 

Sébastien Broucke
Grelots d'outre-temps
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