Le bonheur attentif au soleil allait paître
L’absence de nuage aux tuiles de mon toit,
Son bleu profondément regardant ma fenêtre,
Le ciel dormait penché au-dessus de chez moi…
Le ventre de l’enfant tintait pour la tété,
Ses mains cherchaient un doigt, ses deux lèvres le sein,
Sa bouche pleurnichant quelques lampées de lait,
Sa mère alla verser le baiser et le pain…
Mars osant déposer quelque espoir dans leurs branches,
D’autres bruits bondissaient au silence des arbres,
Le printemps bourgeonnant quelques joies rose franche,
Les lilas fleurissaient en leurs beautés de marbre…
Vers quelle même faim volait cette saison,
Et pourquoi s’allumait ce qui devrait s’éteindre,
Je n’étais plus le seul à venir sans raison,
Mais saurais-je renaître à m’empêcher de geindre ?…
Dans la sève des bois, comme en mes veines d’homme,
La vie soudain mettait un grand feu sous l’écorce ;
Au sol imperturbable et rassasié de somme,
Les racines puisaient du repos et des forces…
Feuille à feuille un frisson descendit crânement
Sur mon âme animale et les pruniers sauvages,
Le vent dessus les troncs, mon doute dans son sang,
L’émotion retenue tremblait dans les feuillages…
L’avenir revenant, le passé remontait,
Et leur semence en moi resurgissant de terre,
Je m’en allais encor, rassuré, ressembler
Aux souvenirs d’enfant que j’avais de mon père !
Le bonheur attentif au soleil allait paître
L’absence de nuage aux tuiles de mon toit,
Son bleu profondément regardant ma fenêtre,
Le ciel, penché toujours au-dessus de chez moi…
Sébastien Broucke
Grelots d'outre-temps