Le soleil darde lentement,
Sur le bruit discret d’un ruisseau,
Mille rayons évanescents
Qui font briller les gouttes d’eau…
Adorant de divines dunes,
Où luisent d’invisibles fleurs,
Et la contemplant sable et brune,
Le temps se fige au bord des heures…
Las, comme lui, seul et brûlant,
L’amant jusqu’au bas de son dos,
Descendant crépusculement,
Caresse les grains de sa peau…
Devançant, sourds, la nuit qui vient,
Bien plus rapides, bien plus beaux,
Désirant sur lui ses deux mains,
Ses doigts, lents, retournent en haut…
Sa nuque est un monde, un trésor,
Sa chevelure est son drapeau,
La tendresse au cou de ce corps,
Il la découvre en ce chaos…
Sur l’oreiller que fait son torse,
Ses cheveux vont mezzotinto,
Mêlant la faiblesse à sa force,
Le bonheur brûle des flambeaux…
Univers éphémère, étonnant océan,
Où ne passe pas un vaisseau,
Sur tous ces flots même un géant,
Ne guiderait que des radeaux…
La glèbe en leurs yeux semble naître,
Qu’espoir mouvant que l’on écoute ;
Des murmures peut-être,
D’autres souffles sans doute…
Mais, dans les secrets de l’encore,
Au silence offrant ce seul mot,
Puisque leur amour est un port,
Chez elle il ancre son bateau…
Et là, de leur lit l’âme sort,
Leurs mains débordant de pinceaux,
Car au désir osé trop fort,
Le frisson résonne en écho…
De leurs bras alors ils s’évadent,
Leurs colonnes se font roseaux,
Et sous leurs yeux leurs dos cascadent,
La grâce en deux doux torrents beaux…
Grelots d'outre-temps