Telle une veine ouverte où le rouge s’en va,
Mes mots passent toujours du pourpre au nacarat,
Car tel un soir s’éteint quand sa force faiblit,
La flamme dans mon cœur vacille en sa bougie…
Si le chant de ta vie ne me tombait des branches,
Mon corps dans son néant, mon âme sous ses planches,
N’entendraient en leurs nuits que les minutes blanches
Des semaines fanées absentes de dimanche !
La solitude seule envahirait l’année,
Ma voix quatre saisons serait plage enneigée,
L’été serait un lit où je n’irais jamais,
Ni tomber en bonheur, ni tomber enlacé !
Heureusement, colombe ! ainsi qu’un autre jour se lève,
Tu joins à la bonté, la tendresse et la sève,
Et las, roseau brisé, crayon je me relève,
Et la rime en rouleaux déferle sur la grève !
Oui ! parfums pour l’absence, offrandes pour tes yeux,
Fleuries dans des chemins, humbles, délicieux,
Mes bucoliques vont de mon cœur vers tes cieux,
Comme monte l’odeur des capselles vers Dieu.
Grelots d'outre-temps