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19 septembre 2013 4 19 /09 /septembre /2013 20:00

Diable-amoureux.jpg

 

Me voila revenu dans ce parc ombragé ;

C’est ici, sur ce banc, que j’ai vu voyager

Mes plus belles pensées, et que voilé des cieux,

J’ai pu sous la feuillée m’enflammer à ses yeux.

C’est dans ce lieu coquet que la pénombre allume,

Près de ce bosquet vert que le printemps parfume,

Qu’elle m’est apparue. Depuis lors je la voie :

Où que j’aille, invisible, elle orne mes sous-bois.

J’étais bien jeune alors, les cheveux en bataille…,

Ah, je la revois rire en voyant tant de paille !

Les saisons ont passé, je dois être plus vieux,

Mais depuis ce regard… plus un cadeau de Dieu !

Peut-être que le ciel en m’envoyant cet ange,

N’a plus rien à offrir au cœur qui le louange.

N’ayant jamais revu ma déesse un seul jour,

Mon cœur lourd, embaumé, n’attend plus son retour.

Seigneur, ai-je rêvé ? Seigneur elle était là !

 

Sa robe toute blanche où volait du lilas…

Même ce souvenir auquel tout me convie,

Me remplit l’âme d’ailes, est d’elle inassouvi.

Est-il possible alors, dans ce jardin si vert,

Quand tout vante l’été, qu’un cœur soit en hiver ?

La chaleur point déjà, les beaux jours se rapprochent,

Et le chant des oiseaux couvre le bruit des cloches ;

Dans quelle église aller, ce parc est mon seul temple,

En serait-il un autre, assez large, assez ample,

Pour contenir l’amour que j’ai pour cette femme ?

Ma vie est une croix dévorée par ma flamme,

Puis-je éteindre ce feu, descendre de ce bois,

Redevenir moi-même ou m’éloigner de moi ?

Roffrez à mon regard le sien qui me perfore,

Son œil est une lance et tout la commémore :

Mon âme a sa langueur, au cœur j’ai cette plaie,

Et mes larmes tombant me font un chapelet.

Je n’ai plus d’avenir, ou du moins il est sombre :

Ainsi que la ramée qui ce matin m’obombre,

Mes jours ont la clarté des maux que j’y suspends !

 

Ce qui bruisse alentour me blesse les tympans,

Car lorsque tout mon cœur n’est plus qu’une prière,

Un pépiement vers Dieu du fond d’une volière,

Qui répond, qui descend, qui s’intéresse à moi ?

Tout se moque d’un homme ayant si peu de foi !

Pourtant là sur ce banc, il semble qu’un murmure,

Ose de temps en temps poser sur ma blessure,

Des mots empreints d’amour ; et lorsque ce baiser

Vient enfin l’effleurer, mon âme hante, apaisée,

Les allées du grand parc où j’écoute en cachette,

Mes plus doux souvenirs parlant en tête-à-tête ;

Ils disent que j’ai tort de mépriser l’amour,

De m’écouter autant tout en restant si sourd ;

Je devrais, pensent-ils, dessiller mes paupières,

Repartir en voyage, enjamber les rivières,

Puis repeindre ce banc, la pénombre et mon âme,

Aux couleurs de la robe où les lilas s’enflamment…

 

Sébastien Broucke

17 & 18 septembre 2013

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