Stupide phaéton, imbécile cocher,
Croyant que ton fatum était ma destinée,
Je te voyais frapper, fouailler ma volonté !
Zoïle de moi-même, injuste ! insatisfait !
Vers où je n’allais pas je devais avancer,
Et galoper toujours quand je voulais marcher !
Tu me rêvais trop grand, non meilleur mais parfait !
Écrivain de talent à l’âme renversée,
Pas une goutte d’encre a daigné me rester…
Où mes pieds se blessaient je devais te mener,
Mais quand son sabot saigne, ou quand son dos zébré,
Quel animal fortrait peut encore avancer ?!…
En cet aveuglement et ta colère versée,
Mes couleurs surmenées n’étant plus déchiffrées,
Mes mots ne faisaient plus qu’une tache aux papiers…
Vouloir le goût d’un fruit avant qu’aient bourgeonné,
Le parfum dans la fleur, la sève dans l’idée,
C’est être criminel ; sans printemps point d‘été !
Qu’on soit montagne, arbre, herbe…à peine enraciné,
Là où l’on naît planté, l’esprit qui vient souffler,
Érode, brise, plie, mais ne peut rien bouger !
Mon orgueil, je t’en veux de m’avoir habité ;
Que ne m’as-tu laissé devenir qui j’étais…
Un poète petit, mais un poète aimé !
Grelots d'outre-temps