Me dira-t-on jamais, veuves sempiternelles,
Qui dirige le sort ?
Laquelle d’entre vous m’est à ce point rebelle
Qu’elle m’aime à la mort ?
Ne vous suffit-il pas d’être assez envieuses,
Des desseins de mon cœur,
Qui court, allégrement aux matinées pluvieuses,
S’ébouriffer les heures ?
Laquelle de vos mains déclenche la bataille,
Vous jette sur mon dos,
Lacérant mes chemins, mes envies, mes entrailles,
De vos coups de couteaux ?
Immobile j'allais, quel danger qu’un brin d’herbe !
Dans un plaisant jardin ;
Mais si vous admiriez le faible et le superbe,
Vous n’aimiez qu’au matin.
Qui brise ma journée, me retranche d’hier,
M’ôte à mes lendemains ?
Qui me reprend le ciel, m’arrache à sa lumière,
M’écrase dans ses mains ?
Je faisais trop de bruit ? Dangereuse ma flamme,
Offenses mes instants ?
Je n’étais qu’un prénom, une onde, un flot, une âme,
Un doux embrasement.
La vie n’allait en moi que pour être à la vie,
Et sans rêver d’ailleurs !
J’étais sans le savoir ce que j’aurais choisi,
Je m’offrais à plusieurs.
L'attente longue, douce, à mon souffle est ravie ;
Qu’ai-je fait, moi, quel mal ?
Le sol aura-t-il soin de garder tout petit,
Mon petit idéal ?
Tant pis, gorgé d’envie et l’âme si légère,
Je me laisse arracher !
Mais vous n’aurez jamais, cruelles, ni souffert,
Ma frêle liberté.
Sébastien BROUCKE
16 mai 2011, 13h00-14h45.