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10 mars 2013 7 10 /03 /mars /2013 11:30

 

Femme sur un tombeau

 

Pour mes parents...

 

La nuit se meurt, blessée par un éclat de lune,

La mer au loin s’en vient frapper sans faim la dune...

La terre, aile affamée, s’éveille et prie et mange

L’aube dégringolée. Le soleil est aux anges,

Le jour s’est relevé, le monde se prosterne,

S’éclairant aux rayons de sa ronde lanterne.

Emmitouflée de blanc, de flocons paresseux,

La montagne glacée dans son manteau neigeux,

Tente enfin d’approcher du ciel ensoleillé.

A l’oreille attentive, aux sens émerveillés,

Il monte imperceptiblement des charmes embués,

Que l’on dénombrerait s’ils n’étaient tant nuées.

Les herbes et les fleurs que la brise réveille,

Ondoient magiquement dessous les cieux vermeils,

Aux vagues qu’elles font on comprend qu’elles pensent,

Tant le chant des ruisseaux imprègne leur silence.

Se muant en torrents leur cascadant les veines,

Cette eau qui les transporte irrigue en vert les plaines...

Au milieu d’un étang on devine des îles,

Où des papillons vont et volettent dociles ;

Une fraicheur épaisse enrobe des roseaux,

Au loin paissent en l’air des milliers d’hirondeaux…

Le calme est fracassé par leurs battements d’ailes,

Mais dans ces craquements la musique étincelle.

Le monde exulte, est liesse, et beau, l’azur est pur.

Avide, tout attend : le printemps, l’été chaud, le fruit mûr.

La vie rayonne, pulse et détonne alentour.

Ah, qui ne s’en dit pas fou ment ! Sourds, tout autour,

De légers bruissements vont d’une branche à l’autre,

Et le cœur des forêts nous fait battre le nôtre.

Dans chaque arbre on croit voir de petits écureuils,

Mais qui discernerait leur forme dans ces feuilles !

Posant leurs mélodies sur du papier brouillon,

Le nid répond au nid, l’oiseau à l’oisillon,

Et dans leur gorge heureuse, ainsi qu’en un cruchon,

L’amour verse en parfum sa joie jusqu’au bouchon.

Pourtant, comme une odeur, le jour à son tour passe,

Les heures lentement se dissipant s’entassent...

Quand sur le lit des nues leur brume s’amoncelle,

Le soir ressuscité que la brune ensorcelle,

Descendant silencieux pour obombrer la dune,

Essaime sur la mer des reflets de fortune.

Comme un monstre tapi dans sa férocité,

Toute emplie de revanche et de voracité,

La nuit veut revenir, sa blessure est guérie,

Elle a pompé sa force au ciel des astéries ;

Elle est prête à s’abattre, à fondre sur le jour,

Pour l’égorger sans cri, sans remords, sans tambour…

Lors, le temps s’interrompt, les alarmes reprennent,

La paix toujours s’achève où les lueurs s’égrènent.

Tel un œil qui regarde, un drapeau qui se plante,

Sur les champs qui s’effraient de l'ombre qui les hante,

A la guerre abrégée, la bataille reprend,

Et la lune se lève où le soleil s’étend.

 

Sébastien Broucke

7, 8 & 10 mars 2013

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