
Etalé sur un bout de rabane ou de plaid,
J’attendais en bronzant que le jour aux soirs cède.
La mer était devant, comme à son habitude,
La crème sur les gens, le soleil, lent, sourd, rude.
Espérant qu’à nos joies quelque autre joie survive,
Nous désirions sereins que surtout rien n’arrive.
Plus les heures pesaient, plus le sable était chaud,
Plus on voyait de l’air dans les bouteilles d’eau.
Quelques balles claquaient sur la joie des raquettes,
Et ce monde semblaient être une autre planète.
Nous allions bienheureux, immobiles agneaux,
Intensément sensés, malgré nos jeux idiots.
Comme à table un enfant s’amuse avec des miettes,
Le ciel nous retournait souvent sur nos serviettes.
Humanité divine ! Et grande insolemment,
Tu n’étais plus coupable au court de ces instants.
Tu n’étais plus toi-même et l’univers tout autre,
Tant le rire des uns faisait la joie des autres...
Oubliant le passé, vivant sans lendemain,
On était libre alors dans nos maillots de bain.
Juste un coin de repos, un morceau de sagesse,
Plus de méchants, de sots, la paix, la belle ivresse.
Les hommes paraissaient amis depuis toujours,
Et ce mensonge encor durerait quelques jours...
Quoiqu’ils fussent plus courts, fissent la nuit plus noire,
Ils avaient comme un goût d’allégresse et d’espoir.
Chaque âme allait gorgée de silence et d’entrain,
Dans ce sincère été s’approchant de la fin.
Car ne plus le chercher nous l’avait fait tenir,
Le bonheur attendu n’était plus à venir...
Mais qu’allions-nous garder de ces heures joyeuses,
Nous qui n’étions qu’un bruit, Oh ! plages merveilleuses ?
Grelots d'outre-temps