Un rêve au fond de la poussière,
Comme un mensonge à des enfants,
Sans aujourd'hui et sans hier,
Un ciel noir pour tout firmament...
Pour un nom gravé sur la pierre,
Leur nuit durait quatre-vingts ans !
Echoués au même rivage,
Aucun d'entre eux n'avait compris
Où n'allaient jamais leur voyage,
Ni ce fléau qu'était leur vie,
Ni pourquoi dessous les nuages,
Tous les hommes étaient punis...
De livres vides à écrire
Ils avaient la tête remplie,
Ils n'avaient que si peu à dire,
On leur avait déjà tout pris,
Ils n'avaient plus que des soupirs,
Mourir durait toute leur vie...
Les souvenirs éteints des hommes
Vivaient dans ce qu'ils avaient fait,
Mais pour quel intérêt en somme,
Car dans le fond... mêmes pensées,
Avant le même ultimatum,
Posé sur les mêmes années ?!...
Sans goût, sans envie, sans plus rien,
Le cœur et l'âme craquelés,
Comme une terre où l'eau ne vient
Jamais que pour s'évaporer,
Les hommes n'avaient pour tout bien
Que des gouttes de vie séchées.
Et comme en un cercueil en pierre
Dormait la belle au bois dormant,
Privée d'azur et de lumière,
Sans avenir et sans enfant,
Chaque âme enfermée sur la terre,
Attendait un Prince Charmant...
Mais l'espoir d'un dieu qui viendrait
Mettait la glace dans leurs cœurs,
Car cette crainte qu'ils avaient
De n'être pas à la hauteur,
Chaque matin les obligeait
A s'égarer loin du bonheur.
Car quoi qu'ils aient osé se battre
Contre les dragons, les géants,
Ils avaient l'amour à combattre
Et trop de génies malfaisants...
Malgré ce qu'ils ont pu abattre,
Chaque homme a été fait néant !
Grelots d'outre-temps