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7 novembre 2009 6 07 /11 /novembre /2009 13:45



N’ayant pris qu’une bogue où, confiant, j’espérais des glands,

N’ayant plus de raison, d’écrire, même d’être,

N’ayant plus de message, hormis celui du beau,

Les saisons de mes vers et mes rythmes mourant,

Comme un agneau sevré que l’herbe appelle à paître,

Dans mes outres vieillies mirent leur vin nouveau.

 

Partir, partir, ailleurs, plus loin, encor, encor, toujours !

Il ne suffit plus d’être beau. De l’air, du large !

Il m’en fallait pour être à mes chevaux « Hue ! go ! ».

L’âme pour gouvernail, l’envie pour bateau lourd,

J’écrivais sur la ligne et bien plus dans les marges,

Mais de quelle espérance étais-je le héraut ?

 

Poussé par mon orgueil, et par un beau et rosse temps,

Tombant comme un hiver la sève en la racine,

Submergeant d’océans de dérisoires plages,

On guida mon écueil à travers d’autres vents,

Où poussant sur ma branche au milieu des épines,

Mille fruits différents prouvèrent mes voyages.

 

Tel un apollon du parfum, printanièrement,

Envoûté j’ai suivi, consentant et conscient,

Dans sa chute l’achaine, avare, indéhiscent,

L’absurde nécessaire et l’inconnu trop grand,

Le chemin que tu es, où marchant patient,

J’ai compris que s’écrire était fort indécent.

 

Mes textes m’ont porté, vivant, jusqu’aux sanglots de Dieu,

Dans des terres immenses, vierges, solitaires ;

J’eus la mangue et la figue et la fraise et la poire,

Plein la bouche et les mains, plein le cœur et les yeux !

Mol hier, enfin mon style est né de verre,

Et qui sait y plonger trouve l’heur de se voir.

 

Souvent, du mât de mon navire on aperçoit l’Eloge,

D’où mensongèrement tombent des quessaibaux.

Alors un oiseau passe et je l’entends qui craille ;

Il vient sur mon épaule et plus que d’épitoge,

Couvrant la voix des fats avec celles des sots,

Me sert dedans l’oreille : « Attention… feu de paille ! »

 

J’avance dans la nuit où sombre je m’écrie parfois :

« Oh ! mages, point d’enfant sous cette morte étoile. »

Puis là tu m’apparais, ma sirène, ma muse,

Et j’accepte confus qu’on puisse être né roi,

Bercé par une fée, sous une bonne étoile,

Pour servir le Destin quand même il nous abuse.

 

Mais l’ennemi sans nom, hideux, qui nous emporte tous,

M’avance ! Oui, ma couronne est la croix qui m’attend.

Car la même faucille aux peaux des mêmes champs,

Se moquant des galops sur l’herbe qui repousse,

Sait que d’autres saisons viennent prochainement,

Voir de nouveaux oiseaux voler sur d’autres temps...





Sébastien Broucke
Grelots d'outre-temps
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