Comme un navire en bois, mal fini, sans préceinte,
On t’a jeté dans l’eau en corps ensommeillé,
Où buvant de la houle et la vague et l’étreinte,
Tu regrettas souvent d’avoir appareillé.
Tes nuits se succédaient sous des lunes plus belles,
Chacune t’entrainant vers d’autres tourbillons,
Leurs robes étoilées de noir et d’étincelles,
Tourneboulant ton cœur de jeune moussaillon.
Qu’avais-tu du bateau, l’angoisse qu’il trimballe,
Cette peur de heurter d’invisibles écueils,
Mais à craindre la mort, dormant à fond de cale,
Tu n’étais qu’un vivant voguant dans un cercueil.
Aujourd’hui sain et sauf, regardant ta campagne,
Le soleil au zénith, tes épis gorgés d’or,
Naufragé bien chanceux échappé de son bagne,
Tu dois à un radeau d'avoir atteint ce port.
Sébastien Broucke
18 & 19 novembre 2013